Friday, August 18, 2006

8- "Téou" au Labrador en juillet 2006

Bonjour à tous

A l’heure ou cette nouvelle lettre débute, l’équipe de France joue sa finale de Coupe du Monde, en direct….

Ici, à Mary’s Harbor, au Labrador, nous garderons en souvenirs, des rafales à plus de 40 nœuds nous clouant à bord, d’un air chaud et sec, superbe pour assécher les coques, adieu finale…

Plus d’un mois que nous sommes Canadiens, les souvenirs s’accumulent, il est temps de vous en faire part.

Halifax, escale technique, la course et les courses commencent…

Nous découvrons des gens serviables, accueillants, des maisons entretenues, des pelouses magnifiques et de grandes étendues de pins, bref, c’est bien la carte postale canadienne dont nous rêvions, nous sommes bien en Nouvelle-écosse.

Reprenons le large, le chauffage est à bord, direction le Nord, nous pénétrerons à temps dans cet înlet de Jedore Harbor, pour y étaler toute la nuit durant, « Alberto », premier cyclone de l’année venu s’étouffer en Atlantique Nord, nous caressant toute la nuit de rafales de plus de 50 nœuds ….

Et le voyage continue, après une belle nuit de navigation, fraîche, nous présentons nos étraves devant l’unique écluse du Bras d’Or Lake, à St Peter, pour faire enfin connaissance avec le homard local, la semaine précédente nous avait permis de goûter de grosses palourdes, des noix de St Jacques, des bigorneaux cueillis sur les rochers alentours….et leurs fameux cheeseburgers, soyons honnêtes !!!!

En traversant ce bras de Mer intérieur, Niel, pêcheur, m’accueillera à son bord, un après-midi pour relever ces casiers…et nous offrir une orgie de homards, crabes et morues…Quelques têtes de phoques déchirent la surface, mais oh combien craintifs, ils replongent aussi vite, se sachant tirés au fusil par les pêcheurs… les deux aiment la morue.

Et nous revoici en Mer, traversée du détroit de Cabot, il sépare la Nouvelle-écosse de Terre-Neuve, la météo annoncée est bonne, nous ferons une première halte sur la côte Ouest, dans le fjord de Hawk Bay, poussé par 40 nœuds de vent aux fesses, la Gv au troisième ris et le speedo à 16 nœuds, l’eau est à 5°.

Un pêcheur nous accueille, et nous offre le produit de sa chasse hivernale, de la viande d’Elan sauvage, un délice, merci coup de vent. Mais il nous faut repartir, la route est longue et les haltes toujours trop courtes. Nous ne pouvons plus envisager de passer une nuit en Mer, because Icebergs et Growlers à éviter…

L’heure est au deuxième détroit, celui de Belle-Île, avec pause nocturne dans Red Bay, où, juste avant la tombée de la nuit, pour nous remercier d’être enfin sur les côtes du Labrador, nous croiserons quelques baleines et gros dauphins, magique…Les nuits ici sont courtes, quatre vraies heures de pénombre, et la lumière revient, le décor est bien sauvage, l’atmosphère qui règne nous le rappelle chaque seconde. On file sur Battle Harbor, ex-capitale de la Morue et des peaux de phoques. En route, entre nappes de brouillards légers et baleines éparses, le voilà enfin droit devant nous, notre premier Iceberg, obligatoirement beau à nos yeux, vu la route parcourue pour le rencontrer, l’euphorie embrase le bord, immortalisons l’instant.

A terre ; le décor a bien changé, des îlots caillouteux recouverts de mousse, quelques petits pins ici et là, des milliers de piscine naturelle d’eau douce, des millions de moustiques, mouches noirs, taons, guêpes…tous désireux de visiter le bateau. Ce ne sont pas les seuls, les bipèdes veulent leur tour, nous sommes la curiosité locale, premier bateau de plaisance de l’année, et surtout premier cata sous leurs yeux, alors, avoir le privilège de grimper à bord, c’est détenir l’info avant les copains…et croyez nous, ici, au bout du monde, combien cela a d’importance. Se souvenant du temps ou nous rêvions sur les pontons des marinas, comment leur refuser ???

Alors, le défilé commence, heureusement, pour nous remercier, ils remplissent le congélo en fonction des prises du jour…truite de Mer, Saumon d’Atlantique, Araignées, capelans…tout est sauvage et bon, pardon délicieux.

Que c’est bon d’être « touriste », en plein été. Ici, l’hiver dure 9 mois, tous les déplacements se font en Skidoo. Mary’s Harbor ne vit que de la pêche de crabes, appelé ici le « Snow crab », celui de vos boites de conserves, la saison est ouverte deux mois/an, et les pêcheurs qui justifient 10 semaines de salaires ont le droit de toucher le chômage le reste de l’année. Cela nous parait génial, mais à la majorité d’entre eux, ils leur manquent deux semaines de salaires, alors ils s’expatrient du Labrador pour y revenir en hiver…un comble.

Voilà, cette petite lettre vient vous remercier tous pour votre fidélité, pour les nouvelles que vous nous transmettez, notre prochaine escale avec Internet sera probablement Cartwright, dans plusieurs jours ou semaines, soyez patients, nous vous lirons sous peu.

Amitiés à tous

L’équipage de Téou.

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