Friday, July 06, 2007

22 - Téou de Panama à Cartagena de Indias

Après la forêt primaire du Rio Chagrès, il nous a fallu affronter la Jungle de Colon, ville à l'entrée du canal de Panama côté Atlantique, ville encore bien peu sûre où tout le monde se doit de manger. Ceci étant, le pire de ce secteur reste la décharge publique, où tous les déchets brûlent la nuit, dégageant une fumée opaque irrespirable, l'absence de vent permet d'en profiter. Vite, cassos... L’approvisionnement effectué, nous naviguons à nouveau le long de la côte Nord panaméenne, pêchons à la traîne un petit Wahoo, puis reposons l'ancre en baie de Linton, endroit bien sympa avec pour réveil matin le chant des singes hurleurs.

Sur une île inhabitée, séjourne également trois singes araignées, la longueur de leurs membres est proportionnelle à la longueur de leurs crocs, nous sympathiserons donc à distance, pour le plus grand bonheur de Timery. La saison des pluies a débuté, notre taud de soleil transformé en récupérateur d'eau de pluie nous abreuve. Le plein d'avocats, bananes, citrons est fait pour quelques dollars, nous voici de nouveau en route vers les San-Blas.

L'alizé nous a quitté, alors il faut jouer avec les brises... et les moteurs pour rejoindre " Chichimé", petit groupe d'îlots habités par trois familles Kunas, où un sage indien nous fabrique un pain délicieux, cuit à la bourre de coco dans son fût rouillé à même la plage. La famille voisine nous prépare le riz coco accompagné de la pêche du jour, le tout au barbecue maison, nous permettant de siroter l'apéro tranquillo, les pieds dans le sable, vue sur le lagon sans une ride, quelques chiens à nos pieds attendent les restes, et notre copain singe attend lui aussi, son fruit et ses câlins. Les bateaux au mouillage sont en cette saison vraiment moins nombreux, ce qui n’est pas le cas des orages, foudroyant chaque année quelques bateaux sur zone. L'ancre supposée tombée pour une nuit réparatrice, repose sur le sable depuis plus de dix jours, allez, grossesse oblige, bougeons pour aller aux autorités, régler notre sortie de territoire du Kuna Yala/Panama. Une demi-heure de moteur, un demi poulet frites et nous relevons l'ancre pour le récif le plus éloigné des montagnes panaméennes, "Hollandes Cayes". La saison des pluies grossit les rivières, chargeant l'eau de Mer près de la côte, déversant à l'occasion quelques beaux troncs d'arbre que nos flotteurs ont en horreur.

" Hollandes Cayes", quinze kilomètres de récifs pour stopper la houle, la Mer est si plate que parfois, la surface se transforme en formidable miroir, l'eau est si reposée que nous admirons chaque grain de sable sous le bateau. L'ancre est là, visible dans un mètre cinquante d'eau, et la saison de reproduction se termine, il est temps de plonger sous Téou, cueillir quelques beaux lambis. Le vent complètement absent nous conforte dans l'esprit, nous repoussons le départ et à nouveau, les jours passent paisibles, quelques heures dans l'eau pour nourrir le bord, un peu de plage aux heures les moins chaudes avec Timery, un peu de lecture dans le hamac et quelques repas partagés entre amis voileux nous laissent vraiment pas le temps de s'ennuyer. Ah j'oubliais, l'informatique qui occupe beaucoup trop d'heures, nous sommes constamment devant nos écrans, à écrire, trier les images , puis les vidéos, puis faire le montage de toutes ces destinations, échanger des films ou infos nautiques, enfin solutionner tous les problèmes liés à cette machine, croqueuse d'énergie non renouvelable.

Une fois de plus, les journées se sont égrenées, deux semaines viennent de filer, le 4 juin, la décision fût prise, notre quantité de gasoil embarqué devient limite, nos cales sont vides, plus de frais à bord, l'eau douce disponible nous assure deux jours tranquille, juste le temps de rejoindre Carthagène, les orages nous ont épargné jusqu'ici et le vent n'a pas changé, toujours inoffensif.

La carène propre à nouveau après grattage de folie, nous levons l'ancre, grossesse avancée oblige, il est temps d'aller trouver la civilisation, de retrouver les structures permettant d'envisager un accouchement correct à nos yeux, d'entretenir Téou durant cette pose, et de vous glisser toutes ces news via Internet, après ces quelques mois passés au San-Blas. De Cartagena de Indias, il en sera question dans la prochaine lettre. La fois dernière, nous vous promettions un blog, en voici le lien Internet: http://catateou.travelblog.fr/

Les prochains articles, à partir de Cartagena, se verront plus imagés, plus concis.

Voilà, tout est dît, encore quelques heures et nous serons quatre à bord, dans l'attente, bonne continuation à vous tous.

Amitiés

Les Téou.

Ps: Notre ordinateur nous a joué un sale tour, nous avons donc perdu beaucoup d'images récentes, tout le carnet d'adresse ainsi que toutes nos correspondances emails, n'hésitez pas à transférer cette lettre. L'appareil photo, l'onduleur, les batteries ont fait de même, alors on répare et on repart.