Sunday, December 31, 2006

15 - Tout ca a cause d'une eclipse...

Tout le meilleur pour 2007 !

Si vous vous souvenez bien, debut 2006 j'etais parti sur la route de la soie...

www.libelul64.blogspot.com

Et, alors que je galerais un tant soit peu a Teheran pour obtenir mes visas pour l'Asie centrale, j'apprends qu'il va y avoir une eclipse totale de soleil, et que le meilleur endroit pour la voir etait en Lybie ou en Egypte... Et c'est vraiment un spectacle fascinant a regarder, un show cosmique a ne pas rater...
Donc, au lieu de me retrouver en Gnagnagna-stan, je me suis pointe en Egypte et naturellement, au bout d'un certain temps, je suis arrivé jusqu'au bord de la Mer Rouge...
Et moi, faire la crepe sur une plage sous un soleil brulant, en moins d'une heure j'en ai assez !

Vous avez peut etre entendu parler des fabuleux fonds sous marins de la Mer Rouge...
Donc je me suis inscrit dans une ecole de plongee a Hurghada pour passer mon PADI 1er echelon, l'Open Water Diver, afin de m'initier au monde sous marin, fascinant mais neanmoins peu accessible (alors qu'on envoie des sonfdes spatiales explorer notre coin d'univers, on ne connait pas encore tres bien le fond de nos oceans...).
Pourquoi s'encombrer de tout un attirail, alors qu'on peut aussi nager en surface avec un masque, des palmes et un tuba (le "snorkelling"), me direz-vous ?
Et bien, et cela fait toute la difference, sous l'eau, correctement leste, on se retrouve en etat d'apesanteur, avec une liberte totale de mouvement, on ne pese plus rien (je vous laisse reviser votre principe d'Archimede...) !

Et regarder les poissons par en dessous, suivre leurs evolutions au plus pres, etre survole par une tortue ou une raie a la nage si gracieuse, avec une autonomie en air de 45 minutes a une heure, a des profondeurs qui restent raisonnables (-18 m maximum pour commencer), c'est beaucoup plus jouissif que quelques minutes en apnee par -5 m...
Puisque je suis revenu en Egypte et a nouveau au bord de la Mer Rouge, a Dahab, il m'a semble tout naturel de passer au stade superieur, l'Advanced Open Water Diver...
Mieux maitriser ses mouvements et sa respiration, aller plus profond (-30 m, maximum -40m), plonger de nuit (j'adore !), bref en voir plus...
Bonjour les merous, poissons perroquets, poissons chirurgiens, poissons papillons, poissons napoleons, nasons lanciers unicornes, rascasses volantes, poissons scorpions, poissons crocodiles, poissons clowns (si vous n'avez pas vu le dessin anime "Nemo", achetez le !), carangues, poissons fusiliers, poissons anges, poissons trompettes, poulpes, raies pastenagues, dauphins, requins tortues marines, poissons porc-epics, oursins, langoustes, crabes, crevettes, calamars, etc...
Bonjour les coraux de toutes les formes et de toutes les couleurs, en forme de champignon, de feuille de chou, de cerveau, d'eventail' de tubes, de pierre, de table... qui deploient leur corolles fleuries pour se nourrir du plancton a la nuit tombee...

Il parait qu'on peut apercevoir un merou avec un bonnet rouge et une lampe, c'est une reincarnation du commandant Cousteau (vous pouvez aussi acheter "le monde du silence" et puis aussi "le grand bleu" de Luc Besson pour rester zen...)
Et puis il n'y a pas que la Mer Rouge, maintenant que je sais a quoi m'occuper au bord de l'eau, j'ai un appetit de decouverte de nouveaux fonds sous-marins...
Et comme j'ai egalement tres faim, je m'en vais de ce pas m'immerger dans une assiette de poisson et crustaces (sea bass et tiger prawns...) !
See you later, alligator ! (Bill Haley and the Comets)

Sunday, December 24, 2006

14 - Noyeux Joel

Tres precisemment depuis Dahab, en Egypte, sur le Golfe d'Aqaba, ou je poursuis mes explorations sous marines, faut bien que les poissons aussi puissent rigoler un peu ! Alors passez de bonnes fetes de fin d'annee ou que vous soyez et je vous embrasse encore tout mouille d'une eau a 22 degres...


Sunday, December 17, 2006

13 - le Nil a la voile



Depuis des milliers d'annees, la felouque est une embarcation qui a permis de naviguer sur l'un des plus longs fleuves du monde, le Nil. D'une longueur d'environ 8 m pour un maitre-bau de 4 m, ce deriveur dote d'une grande voile latine sait profiter des moindres risees du vent...
Soufflant toujours du nord, il enquille ce couloir naturel qui coupe le Sahara en deux, pouvant atteindre 50 noeuds a l'heure, d'ou son nom, le Khamsin (cela signifie 50 en arabe)... ou alors, il arrive souvent qu'il n'y ait pas un souffle !
Autant vous dire que la navigation varie egalement entre la langueur nonchalante d'une glissade au fil de l'eau au coucher du soleil a un parcours digne d'une regate olympique !
Autre particularite, la voile latine ne permettant pas de remonter contre le vent, la felouque est contrainte a de frequents virements de bord, mais la manoeuvre est aisee, la voilure pivote automatiquement, sans avoir a toucher aux reglages.
Si le vent le veut bien, ca peut vite devenir sportif, le liston au ras de l'eau et les touristes au rappel ! Je me souviens aussi avoir remonte le puissant courant du fleuve en surfant sur les vagues soulevees par le vent arriere, derive relevee, et c'etait rock'n'roll ! Surtout quand il a fallu passer sous l'un des rares ponts qui traversent le Nil et amener la voilure, parce que sinon la fleche ne passe pas sous le tablier...

Tuesday, November 28, 2006

12 - "Téou" redescend vers des cieux plus cléments

Bonjour à tous

Plus de deux mois sans news, mais que fait-on sur Téou ??

Eh oui, nos dernières nouvelles datent de Terre-Neuve, fin Août, escale bien sympa ponctuant notre route retour du Labrador.

A l’aller, nous nous étions engagés à saluer notre première rencontre locale typique, un pêcheur de Bonne Bay, sir Robert Gillam, cet homme nous a fait découvrir la viande d’orignal.

Seulement, redescendre la côte Ouest de Terre-Neuve à la voile, c’est se battre contre vents et courants et s’abriter dès que la barre des 25 nœuds s’établit, soit très souvent…ici, ça souffle de secteur Sud Ouest, tout dans le pif, les fenêtres météo sont courtes.

Après avoir bataillé contre l’océan, nous atteindrons de nuit « Bonne Bay », avec un vent mollissant. Au petit matin, 24 H de calme sont annoncées, la décision de reprendre la route Sud sans même poser pied à terre est prise, nous approcherons le vieux ponton de bois de notre pêcheur, notre homme est là, stoïque et éberlué de nous entendre dire que nous repartons illico ! Nous le remercions de ses steacks, le tout dans un échange linguistique plus que risible, et le voilà qui se penche sur une bassine gorgée d’eau de mer, deux grands filets de morue s’envolent pour venir s’étaler sur le trampoline, merci Robert.

Les prévisions météo sont fiables, nous atteindrons ce 21 Août l’entrée du Fjord de Corner Brook sur une mer d’huile, si rare dans ce secteur, et entre les grosses îles qui barrent l’entrée de ce fjord profond d’une quarantaine de kms, nous affalerons pour pêcher à la dérive.

C’est simple, 30 mètres de fonds, le plomb n’a jamais le temps de l’atteindre, ta mitraillette est pleine de maquereaux, le délire. Et pour compléter le tableau de cette journée, la seule petite embarcation sur zone nous offrira 6 grosses morues vivantes, tellement certains d’en reprendre autant le lendemain. Au fonds de leur barque gît également un beau flétan, impressionnant de penser sortir une telle bête avec seulement une ligne, un hameçon, et deux mains, rustique et efficace.

Une journée de plus sous voile, et nous voici au fond de ce fjord, à Corner Brook city, gigantesque usine à papier, ville modernisée, ce sont nos retrouvailles avec la consommation, ici, tout existe, nos sentiments sont bizarres.

Une des particularités de la vie de bateau, les prévisions d’itinéraires…tu en fais pleins, et cela change tout le temps, c’est un mélange de météo, de rencontres, d’envies, bref, il faut accepter de s’adapter en permanence, et là, preuve en est, la météo nous promet un vent de Nord-Est, si rare, enfin du portant. Ainsi, nous délaisserons les îles de la Madeleine pour filer directement dans le Bras d’Or Lake, retrouver Niel et ses homards. 48 heures sous voiles, le détroit de Cabot n’est plus qu’un souvenir, la météo devrait maintenant s’adoucir…

Niel, c’est ce pêcheur professionnel de crabes, de homards, lui et sa femme, nous les inviterons à partager une étape sous voiles, de St Peter à leur baie natale « Charles Cove ». Comme promis, il m’accompagnera à la rame, pour une cueillette sous-marine sur un spot à homards. Au premier abord, l’eau semble froide, trouble, l’absence de couleur la rend peu accueillante, les algues et la flore en général cachent leur trésor… Sous chaque roche, un homard minimum… Alors ici, tu fais ton marché, bigorneaux, coquilles St Jacques, crabes… C’est frais, cela se mange sans fin.

Quelques jours sont passés, il nous faut se séparer, Niel retourne à la pêche au casier en eaux profondes du snow crab, et nous, nous filons sur Halifax, retrouver nos connaissances, les hypermarchés, et le consulat américain. Et oui, en tant qu’Européen, le visa est obligatoire pour fouler le sol US. Pour l’obtenir, c’est simple… Quitter le cata si le vent n’est pas trop fort, accéder au bus afin d’être déposé devant le consulat 30 minutes plus tard, arriver au heures ouvrables… Premier contact, vous repartez avec les démarches à suivre… Facile, deux photos N&B à un format spécial… A un prix spécial : 15$ les deux, au lieu de 2$ les 4, mais bon, ne nous arrêtons pas à cela. Il nous faut appeler un n°, ressortir la CB, c’est 2.5$/mn pour répondre à toutes leurs questions, pas long, juste 30 mn pour s’entendre dire: voici un code d’accès permettant via Internet, d’y remplir un formulaire avec les mêmes réponses, à condition toutefois, d’avoir le dernier programme style Adobe, ainsi qu’une imprimante, histoire d’établir le dossier sur papier également. De là, vous pouvez enfin réclamer à la machine un rendez-vous, suivant dispo, sachant que Madame la Consul reçoit le Mardi et Jeudi matin uniquement, mais pas ce Mardi, Madame sera en ville. Prochain rdv dispo, on ne peut savoir, tout est booké pour les trois prochains mois. A ce stade, nous revoici dans le bus, le croupion de service écoute notre cas, et promet de nous recevoir le Jeudi suivant, si notre dossier est dûment complet. Le cœur plus léger, nous filons chercher les billets de 100 dollars US/pers à la banque, ils n’acceptent pas les dollars canadiens au Canada, puis une enveloppe express à 10 dollars, nos relevés de banque, nos actes de naissances, etc, etc… Bref, nous voici irréprochables, en droit d’être entendu et avec simplement une semaine à patienter. Ce qui fût fait, 8H30, le Jeudi suivant, nous n’aurons même pas la chance de passer la porte d’entrée, Mme la Consul nous refuse sans rendez-vous officiel…trop fort, on se casse directement, écoeuré, et même si cela est interdit, nous irons les voir chez eux.

Ah, le retour au monde dit « civilisé » nous impressionne, nous fait peur. Heureusement, avant les US, il existe encore quelques mouillages sauvages en Nouvelle-écosse, et la carène est si sale, il nous faut la nettoyer, la gratter. Tant qu’à se mouiller dans cette eau à 15°, jetons un œil…et là, après avoir fouiné les rochers et leurs dessous, nous découvrirons une clairière de sable, tapissée de homards, certains visiterons le bord.

Et c’est ainsi que s’achève notre page sur le Canada, de ce spot merveilleux, nous filons pour les US. Deux journées de navigation bien chahutée par les courants contraires au vent, des bancs de sable générant des houles croisées, bref, nous entrerons dans le Nantucket Sound juste avant un bon coup de vent, et nous serons bloqués à Vineyard Harbour 48 heures, le cyclone Hélène passant dans notre Est, générant à son tour, pluie, vent et grosse houle. Une journée de navigation plus Sud, Newport nous accueille, nous voici décidés de faire notre entrée légale au royaume de GW Bush.

Quel contraste après 4 mois passés sans voiliers proche de nous, ce n’est que Marinas et voiliers au mouillage… Quelle claque ! Ne nous réjouissons pas encore, il nous faut tenter cette clearance, et là, la VHF fonctionne, nous sommes reçus et une heure après, un douanier grimpe à bord. Sourire, franchise dans ses gestes, nos explications adoucissent notre situation illégale, et après nous avoir défendu auprès de ses supérieurs, une amende nous rend heureux, et surtout libre de nous balader aux USA, qu’ils sont forts ces ricains. 560 USD de bonheur plus loin, un cruising permit nous est remis, libre à nous de dépenser nos dollars chez eux.

Allez vite, courons nous offrir notre hamburger, le leur, et là, déception, Newport reçoit les touristes par millions, les paquebots y font escale, tout sonne faux…cassos !!!

Coup de bol, le vent est favorable, nous traverserons tout le « Long Island Sound» sous Genacker et Grand Voile haute à 10 nœuds de moyenne, comme dans un fauteuil, avec Manhattan en point de mire. Le lendemain sera encore nécessaire à longer ce délire New-yorkais, pour finalement trouver un mouillage derrière la Statue de la Liberté, seul, qui dit mieux ?

Vous racontez New York en quelques lignes, impossible, ….en deux mots « A VOIR ».

Notre route Sud continue, ces trois jours de break furent suffisant, Annapolis nous attend, puis Norfolk, Charleston, Beaufort, Savannah, Brunswick, Cap Canaveral, Miami ….Pour info, une journée de navigation bien ficelée nous permet d’avancer de 90 kilomètres environ, soit une heure en voiture, alors, à l’heure où je termine ces lignes, New York est à huit semaines derrière nous.

Et voilà, depuis Miami, vous savez tout sur Téou, notre voyage vers le Sud continue, nous traverserons sous peu les Bahamas pour filer débuter notre saison charter cet hiver aux San-Blas, archipel peuplé d’indiens Kunas, situé au fond du Golfe de Panama côté Atlantique.

A bientôt peut-être.

Bises de tout l’équipage de Téou.

Friday, September 08, 2006

11 - et moi, dans tout ça ?


aaaargh... j'y consacre une partie non négligeable de mon effort annuel d'épargne, mais c'est encore à l'état du rêve qui se repousse un peu chaque année, vu mon style de vie plutôt "cigale"... (http://www.libelul64.blogspot.com)

Quand j'étais "gône" (gamin, en lyonnais) on me disait qu'en l'an 2000, les machines travailleraient à la place des hommes... Tu parles ! Alors, je patiente en branchant le gps dans le camion, pour suivre ma route au compas, en arrondissant les virages comme lorsqu'on vire un cap, en encaissant le mauvais clapot généré par les routes défoncées, en me repérant sur les étoiles la nuit...

Je me dis que, selon toute vraisemblance, mon canot sera plus court mais plus large que ma semi-remorque et je bave d'envie devant les convois exceptionnels de transport de bateaux que je croise de temps en temps...

Mon projet s'oriente à priori vers l'achat d'un bateau quasiment "prêt à naviguer", ou avec un minimum de travaux à faire, considérant mes talents de bricoleur d'une part et les coûts d'entreposage d'une coque en construction d'autre part...

C'est plus cher à l'achat mais la transition vers la "vraie vie" sera alors plus courte !

Si le bateau idéal existait, ça se saurait, ce que je surveille du coin de l'oeil, ce sont les voiliers de voyage en acier (de préférence) d'une longueur de 10-12 mètres, je souhaiterais ne pas dépasser un budget d'environ 30-40 000 € (aujourd'hui, je dispose d'à peu près 15 000 €, et ma caisse de bord m'assure déjà au moins 2 ans de nomadisme...). J'ai donc bon espoir d'y arriver avant 2010, avec la bienveillance d'éole et de ma bonne étoile...

Friday, August 25, 2006

10- "Téou" rencontre "Babouche"

Canada, Eté 2006

Ah Labrador, tu nous as enchanté, pardon, envoûté. La tâche est difficile, vous peindre cette région en quelques lignes, pas facile !!!!

Ici, c’est l’ambiance qui prime, les couleurs, les contrastes, le silence, la grisaille,…et les coups de vent.

La finale de Coupe du Monde perdue, la tempête enfin s’atténue et nous reprenons route vers le Nord. Une vraie ascension…chaque mile compte, et notre route croise quelques icebergs dérivant, autant vous dire, proscrire toute navigation de nuit est de rigueur. Seconde hantise, le brouillard, si soudain au milieu de tous ces cailloux que nos cartes sans détails nous cachent. Heureusement, nous croiserons très peu de … brouillard.

Williams Harbour, 50 habitants, nous accueille à son ponton, tous pêcheurs, 3 femmes sur cette île, trois sœurs….évoquer le problème de consanguinité ici n’est pas au menu du jour, nous ne sommes que de passage… Au Labrador, ils sont tous pêcheurs, de saumons, de truites, morues, bulots, coquilles St Jacques, crevettes, crabes…

Tout est réglementé, strict au premier abord, six bagues annuelles = six saumons par pêcheurs… les bagues bien au chaud dans leurs poches, les saumons bien au froid au fond des barques, les contrôles…réservés aux oiseaux de passage ou canadiens en visite sur le secteur. Le saumon se pêche en mer intérieure, au filet et dans peu d’eau, ou en rivière à la mouche. Des américains déboursent jusqu’à 10 000 Usd pour rapporter l’image souvenir de leur portrait accolé à leur prise, le « cher » saumon.

Les nôtres nous seront offerts, sous le manteau, sans jamais atteindre la Terre ferme, qualité fraîcheur oblige.

L’autochtone peut assurer 70% de son autarcie, l’hiver, la chasse leur procure caribous, orignaux, porcs épics, canards et oies sauvages … certains trappent encore le renard, le vison et le célèbre « Cousin aux longues oreilles »…Au dégel de la banquise, les pêcheurs se transforment en chasseurs de phoques adultes, à 107 Usd / pièce, c’est de l’argent facile nous disent-ils !!!.....sans commentaires.

En glissant le long de ces côtes, nous croiserons, primo des baleines, une jaillira presque entière hors de l’eau, à quelques mètres de notre tribord, motivée à séduire son mâle, et secundo, des groupes de phoques en pleine eau, peureux (normal !), sans oublier les macareux plongeurs au bec orange, les guillemots, les fous, les goélands …

Les jours de calme, c’est impressionnant de les voir flotter de partout, par milliers….nos étraves les obligent à décoller ou plonger, certains apparaissent trop chargés et courent indéfiniment sur l’eau, tout paniqué à claquer des ailes, sans pouvoir rejoindre les airs…

Les jours de mauvais temps, peu nombreux, nous bloquent au mouillage ou sur des pontons abandonnés. Le gouvernement canadien, afin de réduire les coûts, a décidé de regrouper les différentes petites communautés éparses en plusieurs villages, afin de construire ou d’aménager à chacun, un groupe électrogène, un aérodrome, une école, un dispensaire. Ainsi, dans ce dédale de cailloux, nous découvrirons les vestiges d’anciennes communautés, ou les quelques cabanes en bois, finissent par s’écrouler, ou sont entretenues par les familles qui y passent quelques jours l’été. Les rencontres sont toujours bienvenues car pures, le cata les impressionne, notre mode de vie également. Mais j’avoue, à la 500ème visite, je suis perroquet.

Ouf, le souffle nouveau attendu, nous est venu de « Babouche », premier voilier croisé depuis deux mois, cata français construit par ce couple génial, Seb et Anne-Lise, en route pour rejoindre la Baie James avant de s’attaquer l’année prochaine, au passage du Nord Ouest à la voile pure….visite de leur site, incontournable :

www.babouche-expe.eu

(Allez visiter ce site, c’est un super délire ! Libellule)

Merci coup de vent, il nous laissera le temps de partager de bons repas et un bien agréable moment dans cette communauté déserte… quel décor.

Ce type de rencontre est toujours trop court, mais chacun de nous doit continuer son chemin, en espérant de tout cœur que nos routes se recroiseront…

Dans un autre genre, en rencontre peu ordinaire, ce fût celle d’un orignal, un soir dans un mouillage désert, pas facile à identifier, vu qu’il nageait, quittant une île pour rejoindre le continent. Suivi de près en annexe, cet animal impressionne par la puissance sauvage qu’il dégage, quel bon nageur.

Puis ce fût la rencontre tant souhaitée avec les Ours, les Bruns pas les Polaires. Les ours polaires, dès Juillet, sont probablement plus au Nord, à la limite des glaces, et la planète se réchauffant irrémédiablement, cette limite est de plus en plus Nord chaque année, alors à notre grand regret, nous n’en croiserons aucun.

Mais concernant les Ours bruns, facile, approchez vous à la tombée du jour de la décharge de Cartwright, et laissez vous impressionner, ces belles peluches nullement agressives, gardent leur distance, une vingtaine de mètres, sans répugner une vraie séance photo, avant la nuit qui vous chasse accompagnée de moustiques par milliers.

Sur les pontons des communautés habitées, on y croise aussi quelques benêts, soyons honnêtes…et si ce simplet tombe amoureux de Timéry, il se transforme en glue. Ici, tous causent un « Cht’i anglais », alors la barrière de la langue nous permet pas toujours de les détecter rapidement. Ainsi à Mary’s Harbour, en compagnie de Jacques, canadien francophone bilingue des Iles de la Madeleine, et de notre glue locale, autour d’une discussion animée, d’une bière et d’une paire d’heure, je me confie à Jacques en français : « sache que je ne pige pas un mot de ce que l’on se raconte » et lui de me répondre « moi également », et pourtant, déjà deux heures que tous, on hoche et s’approuve les uns les autres, pas facile…

Mary’s Harbour, ce fût l’impossibilité de refuser l’invitation à la big fête annuelle, le « Crab festival », 4OO personnes, imaginez nos fêtes de village des années 70, moins la rigolade, l’alcool y est ici interdit. Heureusement, Timéry fût l’alibi béton pour échapper à la Boum des Teenagers qui suivit.

Depuis, nous nous battons contre les vents dominants de Sud Ouest, droit dans le pif, en route pour les Iles de la Madeleine en passant par Terre Neuve côte Ouest, le détroit de Belle-Isle nous a bien secoué, une Mer courte, genre machine à laver, un courant perceptible de 4 nœuds, et ils en sont fiers…le tout sous brouillard et pluie soutenu, on se régale.

Biz à tous

Team Téou.

Tuesday, August 22, 2006

9- "Fugue", une renaissance

Mon pote Nico ayant contracté le même mal étrange que moi, notamment au cours de quelques pérégrinations communes, par exemple à Zanzibar, aux Islas Encantadas ou dans le golfe de Gascogne, a décidé de se soigner en mettant la main à la patte...

Et, dans ce petit monde, rien d'étonnant à ce qu'il prenne une part active à la construction de "Téou" au Portugal, au menu : bois et colle epoxy, ça change de la soudure sur les sites industriels !





















Puis, voilà qu'il s'entiche d'une "demoiselle" de 9 m de long et d'un âge mûr (née en 1953) : il s'agit d'un "Dragon" qu'il va restaurer de fond en comble pendant 10 mois, et ça représente un sacré paquet d'heures de décapage, réparation, remplacement, ponçage, peinture, là les photos valent tous les discours...







































Le résultat de ce labeur arrive par un jour de juillet 2006, quand "Fugue" retrouve son plan d'eau, le plus grand lac artificiel de France, conçu pour réguler le cours de la Seine au niveau de la capitale, le lac du Der, avec le coeur qui bat d'émotion...





















Et c'est parti pour quelques fins de semaines à naviguer avec les amis ou en couple, Cathy, le "Panama" (qui, comme chacun le sait, est fabriqué en Equateur...) te va très bien !





Le "Dragon" est un voilier de régate, puissamment toilé et sans moteur. Chaque sortie du plus vieux bateau est toujours admirée, avec raison, ce canot a une ligne très pure... Avec le vent qui va bien, on arrive facilement à une vitesse de 7 noeuds (13 km/h) mais si le vent forcit de trop il faut abandonner, on ne peut pas réduire la voilure... Résultat, on attend un voilier qu'on vient de dépasser allègrement pour qu'il veuille bien nous remorquer, avec son moteur, dans la passe sinueuse du port de Giffaumont... Mais ça se passe très bien, en général !



On se retrouve donc alors autour de la table, il y a toujours beaucoup de convivialité "dans ces coups d'temps-là" !

Pour terminer, quelques coups de coeur pour ces sites internet :
www.windguru.cz
www.marees.frbateaux.net
www.stw.fr
www.hisse-et-oh.com

Friday, August 18, 2006

8- "Téou" au Labrador en juillet 2006

Bonjour à tous

A l’heure ou cette nouvelle lettre débute, l’équipe de France joue sa finale de Coupe du Monde, en direct….

Ici, à Mary’s Harbor, au Labrador, nous garderons en souvenirs, des rafales à plus de 40 nœuds nous clouant à bord, d’un air chaud et sec, superbe pour assécher les coques, adieu finale…

Plus d’un mois que nous sommes Canadiens, les souvenirs s’accumulent, il est temps de vous en faire part.

Halifax, escale technique, la course et les courses commencent…

Nous découvrons des gens serviables, accueillants, des maisons entretenues, des pelouses magnifiques et de grandes étendues de pins, bref, c’est bien la carte postale canadienne dont nous rêvions, nous sommes bien en Nouvelle-écosse.

Reprenons le large, le chauffage est à bord, direction le Nord, nous pénétrerons à temps dans cet înlet de Jedore Harbor, pour y étaler toute la nuit durant, « Alberto », premier cyclone de l’année venu s’étouffer en Atlantique Nord, nous caressant toute la nuit de rafales de plus de 50 nœuds ….

Et le voyage continue, après une belle nuit de navigation, fraîche, nous présentons nos étraves devant l’unique écluse du Bras d’Or Lake, à St Peter, pour faire enfin connaissance avec le homard local, la semaine précédente nous avait permis de goûter de grosses palourdes, des noix de St Jacques, des bigorneaux cueillis sur les rochers alentours….et leurs fameux cheeseburgers, soyons honnêtes !!!!

En traversant ce bras de Mer intérieur, Niel, pêcheur, m’accueillera à son bord, un après-midi pour relever ces casiers…et nous offrir une orgie de homards, crabes et morues…Quelques têtes de phoques déchirent la surface, mais oh combien craintifs, ils replongent aussi vite, se sachant tirés au fusil par les pêcheurs… les deux aiment la morue.

Et nous revoici en Mer, traversée du détroit de Cabot, il sépare la Nouvelle-écosse de Terre-Neuve, la météo annoncée est bonne, nous ferons une première halte sur la côte Ouest, dans le fjord de Hawk Bay, poussé par 40 nœuds de vent aux fesses, la Gv au troisième ris et le speedo à 16 nœuds, l’eau est à 5°.

Un pêcheur nous accueille, et nous offre le produit de sa chasse hivernale, de la viande d’Elan sauvage, un délice, merci coup de vent. Mais il nous faut repartir, la route est longue et les haltes toujours trop courtes. Nous ne pouvons plus envisager de passer une nuit en Mer, because Icebergs et Growlers à éviter…

L’heure est au deuxième détroit, celui de Belle-Île, avec pause nocturne dans Red Bay, où, juste avant la tombée de la nuit, pour nous remercier d’être enfin sur les côtes du Labrador, nous croiserons quelques baleines et gros dauphins, magique…Les nuits ici sont courtes, quatre vraies heures de pénombre, et la lumière revient, le décor est bien sauvage, l’atmosphère qui règne nous le rappelle chaque seconde. On file sur Battle Harbor, ex-capitale de la Morue et des peaux de phoques. En route, entre nappes de brouillards légers et baleines éparses, le voilà enfin droit devant nous, notre premier Iceberg, obligatoirement beau à nos yeux, vu la route parcourue pour le rencontrer, l’euphorie embrase le bord, immortalisons l’instant.

A terre ; le décor a bien changé, des îlots caillouteux recouverts de mousse, quelques petits pins ici et là, des milliers de piscine naturelle d’eau douce, des millions de moustiques, mouches noirs, taons, guêpes…tous désireux de visiter le bateau. Ce ne sont pas les seuls, les bipèdes veulent leur tour, nous sommes la curiosité locale, premier bateau de plaisance de l’année, et surtout premier cata sous leurs yeux, alors, avoir le privilège de grimper à bord, c’est détenir l’info avant les copains…et croyez nous, ici, au bout du monde, combien cela a d’importance. Se souvenant du temps ou nous rêvions sur les pontons des marinas, comment leur refuser ???

Alors, le défilé commence, heureusement, pour nous remercier, ils remplissent le congélo en fonction des prises du jour…truite de Mer, Saumon d’Atlantique, Araignées, capelans…tout est sauvage et bon, pardon délicieux.

Que c’est bon d’être « touriste », en plein été. Ici, l’hiver dure 9 mois, tous les déplacements se font en Skidoo. Mary’s Harbor ne vit que de la pêche de crabes, appelé ici le « Snow crab », celui de vos boites de conserves, la saison est ouverte deux mois/an, et les pêcheurs qui justifient 10 semaines de salaires ont le droit de toucher le chômage le reste de l’année. Cela nous parait génial, mais à la majorité d’entre eux, ils leur manquent deux semaines de salaires, alors ils s’expatrient du Labrador pour y revenir en hiver…un comble.

Voilà, cette petite lettre vient vous remercier tous pour votre fidélité, pour les nouvelles que vous nous transmettez, notre prochaine escale avec Internet sera probablement Cartwright, dans plusieurs jours ou semaines, soyez patients, nous vous lirons sous peu.

Amitiés à tous

L’équipage de Téou.

7- "Téou" arrive au Canada en juin 2006

Dimanche 11 juin 2006

Bonjour,

Les grandes traversées restent un moment propice à l’écriture, « normalement », mais depuis notre départ des Bahamas, la fatigue a dévoré l’inspiration.

Les documents nautiques nous prédisaient un vent et courant portant, l’idéal pour nous laisser pousser allègrement jusqu’à Halifax, dans un confort royal.

A l’heure où je commence ces quelques lignes, nous traversons la « Bay of Fundy », 18 mètres de hauteur de marée, véritable shaker ou vraie poêle à frire, vent et swell dans le nez…

Le froid et le brouillard nous ont également envahi, au point de dormir tous les trois dans le carré…Nous tentons d’améliorer la température du carré avec le four, les coques étant devenues trop humides, tout est trempé par la condensation, et l’odeur de moisi ne se laisse pas faire. Bref, plaisance, quand tu nous tiens….

Heureusement, la nature environnante nous fait oublier ou accepter notre inconfort du moment, oiseaux, dauphins , plancton, requins, baleines, …et ce brouillard coupé du cri des goélands…un régal.

L’arrivée se jouera comme promise, dans un fog anglais épais, sous pluie battante, et sur mer d’huile…. au radar, l’occasion de constater la précision des cartes électroniques, de piloter notre engin de l’intérieur, bien au froid…

Qui dit Arrivée, dit relâche de l’attention, et « Boum », nous voici échoués sur une grosse patate de roches, un vrai choc, une grosse frayeur, nous sommes grimpés dessus.

La marée montante sera salvatrice, apparemment, le canot serait solide, rien n'a craqué, pas de fissures, reste à vérifier l’état des quilles…dans cette eau glauque et à 9°, pas vraiment tentant.

Nous ne sommes plus aux Bahamas, dans cette eau turquoise, cristalline et à 27°… Cet archipel fût bien sympa à traverser, les mouillages accessibles et nombreux, sauvages ou civilisés, les abords de ces petites îles parfois privées nous garantissaient la prise de poissons, de coquillages ou crustacés, belle manière d’agrémenter nos repas de produits frais…et bio. Et notre faible tirant d’eau nous permet vraiment de passer n’importe où, ou presque !!!!

Mais nous ne faisions que passer, les cyclones nous poussent à quitter cette région, pour peut-être s’y reposer cet hiver et proposer quelques semaines de charter…

Arrêtons de rêver, nous voici de nouveau flottant, et appontant à la première marina, afin de nous régulariser avec les douaniers canadiens…et désireux d’électricité afin de chauffer enfin notre home….erreur, ici, ils n’ont que du 110 volts, contre 170 dollars la nuit…alors, vive le mouillage …ah plaisance !

Et c’est au tour de l’ordinateur de déclarer forfait, chouette, que peut-il encore nous arriver de plus…

8 Juin, coup de vent d’Est, alors que nous sommes à terre, chez une canadienne très sympa, notre guide locale, Téou traverse la Baie et les bateaux sous nos yeux, travers au vent, il a décroché, et notre bonne étoile est encore là, nous aurons le temps de sauter dans une voiture, puis dans l’annexe et enfin sur Téou, avant qu’il ne s’échoue ou tamponne un de ces voisins, quelle chance…

Aujourd’hui, 9 Juin, tout rentre dans l’ordre, un chauffage à gasoil devrait arriver ce jour, les emails vont s’envoler du bord, les courses pour ces deux prochains mois seront faites, le gaz approvisionné, nous devrions quitter Dimanche Halifax pour grimper vers les eaux intérieures du Cap Breton, « les bras d’or lakes », afin d’y prélever huîtres, bigorneaux et bulots, et très probablement quelques homards pour compléter notre régime austral.

Mais ne vendons pas la peau de l’ours polaire avant d’y être….la route est longue.

Bisous à tous et bon été

Amitiés de l’équipage

Téou

Thursday, August 17, 2006

6-"Chtimagine" dans les fjords chiliens de mars à juin 2006

Mardi 30 mai 2006

On vient d’écrire un long message et il est passé à la trappe... Du coup on recommence... Ca ne fait rien, il pleut des trombes d’eau... C’est habituel ici...

Donc : Nous sommes partis le 18 mars au soir de Puerto Williams (Papa Whisky pour les intimes...) en compagnie de Tiamanga et Atao qui était
parti quelques heures auparavant. Eux, ils se baladent avec 5 mômes...
Arrivés le lendemain matin à Caleta Olla, un dernier au revoir au Boulard et le soir on cuit le gigot de Tiamanga sur la plage. Le renard par l’odeur alléché en sera pour ses frais, c’est pour nouz’ot... .Balade et pique nique le lendemain, on profite du beau temps que l’on sait plus que bref dans le coin...

Départ seul pour les glaciers : Fouque, Coloane, Pia, Garibaldi et Seno Ventisquero après le poste de contrôle de l’armada chilienne de Timbales. Nous y avons eu des williwaws, sorte de tornades très rapides où les vents atteignent… ?

En fait on n’en sait rien... on se prend 30 degrés de gîte en 5 secondes à sec de toile... Le but du jeu c’est d’essayer de les éviter... en anticipant leur trajectoire...


Le Seno Ventisquero a été notre préféré. Passage de la moraine un peu délicat :
il faut surveiller les petits icebergs, ceux qui sont échoués c’est pas bon, ceux qui sont emmenés par le courant nous indiquent le passage. Arrivés au pied du glacier qui vêlait, des blocs gigantesques, imaginez 50 m x 50 m de glace qui tombent d’un coup... La vue, le bruit ensuite et pour finir la houle souple qui en découle... Impressionnant...

Le vent du nord s’étant levé (tiens donc...),
nous nous demandions si nous allions pouvoir revenir au mouillage. Les icebergs rencontrés après la moraine à l’aller n’auraient ils pas bouché le passage ? S’il faut commencer à sortir l’ancre et l’annexe pour accrocher les glaçons et se frayer un passage on n’en finit plus…

Nous avons dû attendre 5 jours pour avoir un temps maniable à Caleta Emilita.

C’est là que nous avons entendu la météo chilienne sur la radio annonçant, heureusement plus au sud... vent d’ouest... 100 noeuds... rafales jusqu’à ...120 noeuds... Nous, nous n’en avions que 50 dans les rafales... Avec nos 4 bouts accrochés sur les troncs des arbres et l’ancre, nous avons pu dormir tranquilles...

Nous n’avions plus de réception fax météo car bien entendu l’ordinateur est tombé en panne... suivi de peu du caméscope qui était passé à l’eau…
Bref, l’humidité ce n’est pas génial pour tout ce qui est électrique ou électronique...

Heureusement, on avait pu prendre des photos numériques avec le caméscope...

Remarquez on était peinards : au moins, pas de problème avec le pilote électrique :
on n’en a pas... du coup on barre tout le temps... sans capote pardi... Le plus con, c’est que Pierrot a oublié son casque intégral dans la cave à Lille pour les déluges de grêle... ou de neige ça aurait été pourtant bien utile...

Une petite fenêtre météo s’est ouverte et on en a profité. Tourmentin 2 ris à tirer des bords, vive le sport et ça fait du bien d’avoir un bateau qui marche...

Nous avons bien aimé le canal Brecknock et sa caleta. Ca c’est du sauvage...
On a quand même réussi à trouver un copain : un rat équilibriste qui est venu nous rendre visite deux nuits de suite. Pas de bol pour lui, le bateau était bien fermé.
On n’irait pas jusqu’à dire hermétiquement fermé pour la grêle mais pas loin... On en rigole maintenant mais on n’en menait pas large... Surtout pour notre réserve de fromage... Ouf, il n'est pas venu avec nous pour la suite du voyage... On a été jusqu’à ouvrir la Grand-voile pour vérifier
s' il n’était pas dans les plis... C’est drôlement rusé ces bêtes-là...

Ensuite nous sommes sortis sous un vent d’enfer, moteur plein pot, de la caleta, direction le passage du Seno Pedro pour arriver dans le Magellan. Là, le tourmentin seul a suffit...
6 noeuds de moyenne quand même... Des mouillages superbes tout au long du voyage... et surtout bien abrités, histoire de récupérer un peu. Par contre, les cartes ne sont là que pour aider à la navigation (on exagère un peu bien sûr...) mais il est fréquent d’avoir le point sur la terre et des erreurs de 2 miles ne sont pas rares... Dire qu il y en a qui ne naviguent qu’avec des cartes électroniques... Ici il faut faire gaffe et avoir un oeil dehors (pour nous ce n’était pas compliqué vu qu' il y avait toujours quelqu’un rivé à la barre...).

Un petit passage où le courant peut atteindre 8 noeuds en vives eaux (quand même) et on aura compris comment ça peut bouillonner dans le secteur. Arrivés dans le Magellan on a de la place mais le courant d’ouest est toujours contraire... Heureusement on s’est offert des surfs à 10 noeuds (si, si...) et 72 miles en 10 heures... avec du vent de Sud Est... grand voile haute et génois tangonné, ça gazait...

Du coup on a pu arriver le soir au Phare de Fairway le bien nommé... Après avoir demandé l’autorisation de s’amarrer sur les immenses pneus des Caterpillars des mines de cuivre, nous avons été très bien reçus par la famille vivant sur ce petit îlot (cerise sur le gâteau : douche et pisco...sour.....bien sûr...sans oublier la lessive). Le lendemain dans le canal Smith nous avons croisé une baleine, heureusement elle est passée réglementairement à tribord...

Une épave avec le cul en l’air nous a fait redoubler d’attention, faudrait quand même pas que ça nous arrive... Un degré de gagné dans le nord, par ci, par là, et c’est la grêle qui s’en va (vieux dicton patagonien). Avant d’arriver le 1er mai à Puerto Eden nous faisons une petite escapade dans le glacier Pie XI, histoire de ne pas oublier le goût de la glace... coup de bol, le baro continue de grimper et c’est sous un ciel radieux que nous pouvons, accompagnés par les dauphins jusqu’au pied du glacier, contempler sur 3.5 Kms de longueur et 50 m de haut cette paroi bleutée étincelante. (Si, si...).

Les journées de beau temps sont tellement rares... Mouillés dans une caleta à proximité du glacier, toujours accompagnés des dauphins jusqu’au mouillage…

Nous repartons le lendemain. L’anticyclone est tellement costaud qu'il a gelé la nuit... La sortie du fjord se fera dans la brume à casser la glace, radar en marche. Il faut faire très attention aux gros glaçons charriés par un autre glacier qui se déverse dedans et qui nous barre la sortie pour Puerto Eden. Vers midi tout est rentré dans l’ordre, le soleil est revenu.

A Puerto Eden, Nicolas a eu l’agréable surprise de retrouver son
bateau oublié sur "Le Sourire" chez les carabineros (les keufs locaux).
Quelle joie ! Atao l’avait reçu de Kotick qui l’avait reçu du Sourire. Merci les copains...

Une anecdote étrange à ce propos : le dévidoir du bout pour son petit bateau, en carbone kevlar (on ne se refuse rien...) a été récupéré dans une poubelle par le Père de Pierrot sur le port de la Trinité sur Mer quand nous préparions notre premier bateau en 1986. Cet échantillon
provenait du bateau de course de Loïc Caradec disparu lors de cette route du rhum... Il avait modifié les cloisons de son bateau avant de partir... Et bien des années plus tard, voici que son frère Alain Caradec (nous le supposons) l’a eu entre les mains sans le savoir....

L'anticyclone est toujours là : on se casse... au radar. On n’y voit pas à 20 m.
C’est quand même bien pratique ces petites bêtes-là... Du coup on passe le golfe de Penas quelques jours après, au moteur... Houle croisée : tout le monde est malade sauf le capitaine. On mouille dans un caleta bourrée d’otaries...
Elles sont trop rigolotes, on les adore...

Nous passons dans la baie Ana Pink et rejoignons les canaux pour atteindre notre dernier glacier : le San Rafael. Là, ce sont les plus gros icebergs qui sont charriés. Passage dans des courants importants et mouillage dans une toute petite rivière bien à l’abri.

Ensuite remontée sur Puerto Aguirre où il faut refaire pleins de papiers avec l’armada... On retrouve la "civilisation paperassière". Un rat vient nous rendre visite la nuit (entre une heure et trois heures, c'est leur heure), pas de bol pour lui le Chtimagine est toujours fermé...

Quelques jours plus tard nous sommes surpris de voir un petit avion voler au ras des flots... En fait, il est en train de nous rechercher... Nous n’avons pourtant pas activé notre balise de détresse, qu’est ce qu ils peuvent bien nous vouloir ...

Nous n’avions pas donné notre position depuis 5 jours et pour cause nous n’avons pas de BLU émettrice mais seulement la VHF avec une portée dans le meilleur des cas de 15 miles... Sans compter les montagnes impossibles à traverser par les ondes...

Nous avons eu le droit d’être invités dans le bureau du capitaine de port de Quellon pour une explication, qu’il a bien comprise par ailleurs... Qu'est ce qu’on était peinard quand il n’y avait personne !

Voilà les nouvelles... Nous repartons d’ici une paire de jours à musarder entre les îles
du golfe de Corcovado et d’Ancud avant de rallier Puerto Montt. Nous y serons vers le 10 juin,
histoire de refaire un coup de tampon en Argentine car nos 3 mois chiliens sont bientôt écoulés...
et ce sera reparti pour 3 mois... Bises à tous, ce fut long mais bon on l’espère...

Jeudi 8 juin 2006

Bien le bonjour de Puerto Montt où nous sommes arrivés cet après midi. Tout
va bien à bord. Grosses bises à tous (on va d’abord se prendre une bonne
douche...). Ensuite apéro sur Atao... Les gamins sont tous contents de se
retrouver... et les grands aussi...

A+

CHTIMAGINE II