Friday, January 28, 2011

66 : Les chtis réunis à Ushuaia !

Si ca c'est pas du timing !!!! Pierrot est arrivé à Ushuaia trois heures avant l'arrivée de l'avion !!!! Tous bien contents de se retrouver après trois mois de séparation...
Chtimagine III est passé par la Bahia Cook pour son entrée au Chili. Elle est située à l'ouest du canal de Beagle, à 120 miles à l'ouest du Cap Horn, la route la plus directe pour arriver dans le premier port chilien près d'Ushuaia (Puerto Williams).
Nous n'avons pas eu de mauvais temps, la chance étant avec nous encore une fois (tant que je gagne je joue !!!). Le maxi a été 35 noeuds rééls et encore pour une seule journée....
Nous restons environ une semaine pour réparer les voiles qui ont morflé et installer le poêle...
Et après c'est parti pour l'Antarctique !! Bref tout va bien et on est bien content et on espère que c'est pareil pour vous...
Une grosse bise bien glacée !!
Les Chtis.

65 : Madère, j'adhère !

Ayant découvert fortuitement l'existence de ce ferry qui relie le sud du Portugal à l'ile de Madère et aux Canaries, je me suis embarqué pour une escapade d'une semaine sur l'ile de l'éternel printemps.
C'est donc à la vitesse d'un trimaran de course que je parcours en 22 heures les 580 miles (environ 1000 kms) qui séparent l'ile du continent. Madère est une ile volcanique qui, malgré ses dimensions restreintes (57 kms de long, 22 de large), culmine à 1862 m, ça grimpe vite !

Pour m'en convaincre, direction le Cabo Girào, l'une des plus hautes falaises d'Europe avec 580 mètres de gaz, c'est pas le moment de paumer ses clés ! Le réseau routier secondaire (qui était principal avant que les madeirenses ne multiplient les voies « rapides » aux innombrables tunnels) escalade et dégringole le long des coteaux abrupts où poussent les bananes, la canne à sucre, l'osier et la vigne... C'est quand même pas courant de prendre le téléphérique pour rejoindre son lopin de terre ou la minuscule plage de sable noir en contrebas, comme à Achadas da Cruz !

En 600 ans, les iliens ont construit des milliers de terrasses de culture vivrière, alimentées par des centaines de kilomètres de « levadas », ces canaux de drainage et d'irrigation qui sillonnent la montagne et le long desquels on peut se balader, attention, il faut parfois être un montagnard averti... D'ailleurs, la neige en moins, j'ai vraiment l'impression de visiter les plus hautes cimes d'un massif montagneux, tellement c'est raide et tortueux, en 150 kms je n'ai jamais pu enclencher le 4ème rapport de boite de vitesse, et rarement le 3ème... Bon, de toute façon, cette année je serais de retard au boulot, alors bof ! Autant profiter de l'accueil de ces gens encore habitués à la vie en montagne, moins pantouflarde que dans nos capitales européennes paralysées dès les premières intempéries lancées par le général Hiver...

Madère, c'est une symphonie verticale, tant pour son relief que pour ses grands arbres, notamment les eucalyptus... Moi qui commence tout juste à m'habituer à l'immensité horizontale des mers...
Terre volcanique et douceur du climat font que la végétation y est souvent luxuriante et l'ile est constamment fleurie, genêts, orchidées, lauriers-roses, géraniums, arums, sans oublier l'oiseau du paradis ou la jubarbe glutineuse... J'adore des noms de plantes comme ça ! C'est un régal de visiter les jardins botaniques ou les stations florales du parc naturel...

Madère, ça donne envie de (re)lire « Voyage au centre de la Terre », de Jules Verne, surtout quand on se balade dans les tunnels creusés par la roche en fusion vers Saô Vicente ou que l'on imagine se baigner dans les piscines naturelles où les coulées de lave emprisonnent le ressac de l'océan, comme à Porto Moniz... 

C'est aussi le plateau quasi désertique de Paul da Serra, où les bombes de basalte ne laissent pousser qu'une lande rase, de la mousse et des lichens (do you speak lichen ?), battu par les vents qui font tourner les éoliennes...
C'est encore la beauté sauvage des cascades perforant les parois volcaniques de la côte nord pour rejoindre l'eau salée...


Pour continuer dans le grand spectacle en Cinémascope Technicolor, je monte au Pico de Arieiro, à 1818 mètres, vue imprenable sur le relief tourmenté de l'intérieur de l'ile avant que les nuages ne lancent leur assaut glacial, ce qui me fournit un prétexte pour goûter au Poncha Regional, à base de rhum, de miel de canne à sucre et de jus de fruits de la passion, muito bom !


Je passe ma dernière journée à Funchal, la capitale de l'ile, qui s'étire sur les coteaux et où il vaut mieux se passer de voiture, vu les difficultés de circuler et surtout de stationner dans les rues étroites !
Outre les monuments et les églises somptueusement décorées qui rappellent que le Portugal a établi sa fortune passée sur la découverte des Amériques et des nouvelles voies de navigation, il ne faut pas louper la visite du « Mercado dos Lavradores » (Marché des Travailleurs), pour ses étalages de vannerie, de fleurs et de fruits exotiques locaux, mangues, papayes, christophines, et pour son marché aux poissons où règne l'espada, poisson des grandes profondeurs à la chair succulente, souvent servi en « prato do dia » (plat du jour) dans les restos...
La vieille ville n'est pas désagréable, surtout quand il fait 26° à l'heure de l'apéro sur la promenade du front de mer, je prends un verre de vin de Madère sec (le comble pour un liquide !) pour accompagner quelques tranches de pain frais (c'est à dire encore chaud !), tartinées de beurre à l'ail et de lamelles de chouriço (chorizo, en « français » !), la vida dura...
Madère, gemme de l'Atlantique, Madère j'aime !

Monday, January 10, 2011

64 : Dimanche 9 janvier 2010

Une date à marquer d'une bouée blanche, ma première navigation en solitaire ! 

Le matin, je finis de ranger le bateau, bon ça c'est dans les rêves, il y a toujours quelque chose qui n'est pas à sa place, mais enfin ça me permet de naviguer en (relative) tranquillité... Et surtout la table à carte retrouve son utilité première, débarrassée du (presque) mètre de foutoir qui y atterrit régulièrement...
Je fais le plein d'eau, vais prendre une douche et je largue les amarres... pour entendre à la VHF que la marina a un problème pour ouvrir le pont qui donne accès au chenal ! J'en suis quitte pour faire quelques ronds dans l'eau sur l'Amazone (vu la couleur brunâtre de l'eau de la rivière) avant que le sésame ne s'ouvre enfin...

Départ vent arrière, je n'envoie que le génois, vitesse 3,5-4 nœuds, c'est nickel vu le vent faiblard et confortable pour une navigation à plat dans le sens de la houle... J'envoie un peu de Grand'Voile quand le vent tourne, sans avoir à déventer le génois, s'agirait pas de répéter les erreurs précédentes, je voudrais bien que ma nouvelle bôme dure durablement...



 
Pas grand monde sur l'eau, hormis un grand ferry blanc qui surgit de Portimaô et semble se diriger vers Madère... Intéressant !


C'est une belle journée en mer que je savoure pleinement, la navigation à vue compense mon manque d'infos précises sur la région... 

Aussi, quand le GPS m'indique que je suis presque à destination, j'ai beau retailler les lentilles des jumelles pour en augmenter la puissance, je ne vois qu'une plage encadrée de falaises, mais d'entrée de port, point ! 

Bon, le sondeur indique 4m sous la quille, il est plus que temps que je vire de bord si je ne veux pas m'échouer sur la grève (générale) ! 

J'affale les voiles, Saint Midif répond à la première sollicitation pour me sortir de ce pétrin, et je longe donc les falaises perforées de l'Algarve, je ne serais pas trop tranquille si j'habitais dans les maisons surplombant le vide...

Bon, j'en profite pour préparer mon arrivée en enroulant une garde autour du mat et en préparant les pare-battages... Ben m.... ! En voilà un qui saute par dessus bord ! Pas question de l'abandonner, j'en suis pour 20 bonnes minutes de manœuvre de récupération d'homme à la mer... Rogntudju de rogntudju, mille sabords de tonnerre de Brest, je bataille ferme mais j'arrive enfin à enrouler le bout autour de la gaffe et à rapatrier l'imprudent à bord, kriss de tabarnak !
Voici enfin que se dévoile l'entrée du port d'Albufeira, formant un fjord creusé dans la falaise que le GPS voulait me faire traverser en ligne droite... Je demande une aide pour attraper mes amarres à la place que l'on m'assigne, où je me gare en marche arrière avec une surprenante facilité, sans doute que mes manœuvres de tout à l'heure n'y sont pas étrangères !  

La marina d'Albufeira est entourée d'immeubles aux couleurs pastels et en guise de récompense pour les efforts de cette première traversée en solitaire (bon d'accord, il ne s'agit que de 18 miles depuis Lagos, avalés en 5h30...), je m'en vais boire un demi (par hasard) rue Sir Cliff Richard, si, si je vous jure ! Selon le dicton anglais, Pierres qui Roulent (Rolling Stones) amassent des mousses au pub !
Ah oui, au sud du Portugal, on baragouine plus l'angliche que le portos...