Thursday, March 25, 2010

47 : "Eclipse" reste à La Rochelle

Bon, secoués mais non agités, on a mis un bon coup de collier pour préparer le bouzin... Nico bosse sur le portique quand il peut en dehors de son taf', Jim refait toutes les connexions électriques avant d'entamer sa journée de boulot, et moi je fais des trous dans la coque et dans ma caisse de bord...

On a ainsi installé un compas dans le cockpit, on y a du son aussi, toujours agréable quand on prend l'apéro dehors, à l'intérieur mon nouveau loch-sondeur m'indique clairement combien j'ai d'eau sous ma quille, le récepteur Navtex décrypte les messages météo et les alertes de navigation, le "Mer-veille" signale tous les radars des navires environnants, l'inclinomètre indique la gîte du bateau... J'ai installé un filtre sur la pompe de cale pour ne pas rejeter en mer l'huile héritée de mon ancien moteur, grand bien fasse à la personne qui a bien voulu m'en débarrasser... J'ai équipé tous les matelas d'une sous-couche respirante anti-condensation, avec le déshumidificateur ça devrait améliorer encore les choses... Les lignes de vie sont en place sur le pont, le dessalinisateur est en cours d'installation, mais je ne le testerai pas avec l'eau du port (surtout que la tempête a ruiné les stations d'épuration du littoral...)!

Et le temps passe... Jim est en passe de devenir un "illegal alien", son visa ne lui permet pas de rester dans l'espace Schengen plus de 3 mois tous les 6 mois et, quoiqu'on fasse, en passant au Portugal , à Madère et peut-être aux Canaries, on y reste encore un bon bout !  Tracasseries douanières en perspective !

Et les pépettes suivent le reflux... Mon portefeuille ressemble de plus en plus à une sole, c'est donc avec une joie bien dissimulée que je dois retrouver le chemin du turbin, si je ne veux pas jouer au clodo des mers...
Malgré tout, c'est encore en France que je peux espérer regonfler ma cagnotte le plus rapidement, alors...

Le départ, ce sera pour plus tard ! C'est vrai qu'on aurait déjà du partir... mais si c'est pour galérer tout au long de nos errances, non merci ! Le vent d'automne nous emportera avec les feuilles vers des horizons où la brise secoue les rameaux de la cane sucrière...

Nouvellement baptisé par sa marraine, Cath, "Eclipse" piaffe d'une impatience frustrée d'autant que la tempête a forcé nombre de bateaux à se réfugier sur le ponton d'accueil, et celui qui quitte sa place de port pour s'aérer les écoutes et se dégourdir la quille est assuré de ne pas retrouver son emplacement... Pas glop ! Bon, de toute façon, les tarifs appliqués aux Minimes à partir du mois de Mai me forceront à chercher une place moins chère ailleurs...

En attendant, on profite un peu de la vie rochellaise, on a célébré la Saint Patrick en écoutant deux groupes celtico-bretons, Armens et Mask ha gazh (qui est carrément de la balle avec son chanteur en sabots !).
Le lendemain, c'était ambiance argentine avec Barbara Luna, ay ! ay ! me gusta mucho ! Hombre !






Alors, faites comme Dédé et Geneviève, passez donc nous voir, pour sûr l'an prochain vous aurez plus de chemin à parcourir !

Vous verrez comment vous avez apporté votre contribution à l'équipement de sécurité du bateau, vous savez, cela fait déjà plusieurs années que je vous réclame les bouchons de liège des bouteilles que boivent tous les autres !

46 : Téou à Panama

Bonjour à tous
Ouaihhhhhhhhhhhhhhh, trop chouette, nous revoici enfin connectés avec la planète, merci le Net, merci Panamarina.
Quelle chance que ce couple de Français, Jean-Paul et Sylvie, ai pensé à s'installer sur la côte Nord panaméenne, à mi-chemin entre les San-Blas et Colon, en d'autres termes, "un bout du monde".
Trois mois déjà sans lire vos messages, sans news fraiches, quelle épreuve,non!!!
Grâce à eux deux, au beau milieu de cette nature éxubérante où les singes hurleurs se font entendre, nous allons enfin vous lire.
Facile, après avoir réunis tous les ustensiles dans la malette(prise de secteur adapté au 110, casque micro fonctionnel, batterie fatiguée et ordi virusé), d'un coup d'annexe rapide, tu sautes de ton bateau au ponton d'accueil, ponton qui porte bien son nom.
L'accueil y est toride, le soleil brille, la mangrove coupe le peu de vent, les chitras se régalent...
Pour tous ceux qui ne connaissent pas cette petite espèce chaleureuse, le "chitras" ou mouche de sable, quasi invisible, adore la peau du Blanc, il s'en délecte très discrètement et très poliment, seulement àprès son repas s'installeront les démangeaisons, du bonheur à l'état pur, démangeaisons incontrolables pour l'Européen tout frais arrivé.
Le chitras est nombreux, trop nombreux, après 1/4h de gratte, te voici une véritable coccinelle tropicale avec tous tes spots rouges, des chevilles au cuir chevelu.
Souvenir cuisant, 10 jours de gratte t'attendent.
Mais ne nous égarons pas, juste 100 mètres nous séparent des locaux, vite à l'ombre...
Bonjour Sylvie, bonjour Jean-Paul, Internet fonctionne-t-il aujourd'hui?
La question n'est pas anodine, ici, l'électricité a ses caprices, le système satellite aussi, la vitesse de débit est également atteinte de tropicalisation, cinq ordinateurs maximum peuvent partager ce débit si les proprios du spot sont au boulot, bref, Dimanche Lundi, pas de connections possibles.
Trois mois d'absence sur le net, nous n'allons pas en plus faire les fines bouches, 3 Usd/h, pas cher,Non?
Allez, c est partit, on s'installe sans oublier également d'allumer les ventilateurs répulsifs à chitras.
L'ordi s'éclaire, Outlook Express délire...378 messages soit à vue d'oeil, une semaine non stop de téléchargement à la locale.
Bref, devant tant de modernisme, nous refilons aux San-Blas pour quelques jours encore, saluer nos connaissances locales avant le passage du canal de Panama programmé mi-Avril.
Bonne continuation à tous, continuez de nous glisser vos news, les réponses promises arriveront dès Panama City.
Bises à tous.

Thursday, March 04, 2010

45 : Xynthia, la marée était trop belle...

Février est déjà presque un souvenir, je ne vois pas le temps défiler avec tout ce qui se passe sur le bateau... Le portique élévateur nous a fait prendre de la hauteur, on se trouve ainsi perchés à 10 mètres d'altitude, bien calés sur un ber où un camion grue vient rapidement retirer l'ancien moteur et amener son remplaçant dans une manœuvre millimétrée, chapeau ! Fabrice le mécano commence son office tout en m'expliquant ce qu'il fait, c'est cool, d'autant que c'est du travail bien réalisé...

Avec l'installation du nouveau moteur, Fabrice refait aussi tout le circuit d'eau de mer, la ligne d'échappement, la ventilation de la cale, le circuit électrique, la ligne d'arbre d'hélice... J'en profite pour lui faire réviser toute l'installation électrique du parc de batteries, selon les normes actuelles de sécurité, exit les spaghettis de fils électriques rafistolés et de dominos mal isolés qui pullulaient dans toutes les directions, un vrai plus pour la fiabilité du bateau...

Je profite également de ma condition élevée pour faire de la peinture à l'eau, enfin c'est l'aspect le moins écologique de la navigation à voile puisque la peinture apposée est chargée de produits toxiques pour dissuader les coquillages de coloniser la coque... Par contre, huîtres, moules, bulots, praires... sont toujours les bienvenus dans l'assiette !

J'occupe également mes journées à vider mon portefeuille au fur et à mesure que se remplit la cabine avant, dans laquelle s'entassent les divers équipements, les outils, bref un sacré bazar ! La voiture aussi est mise à contribution, heureusement que Jim est parti travailler à Barcelone, l'espace est compté ! Les magasins d'accastillage ont le sourire à me voir passer, mais si ça me coûte les deux bras, au moins j'aurais un canot tip-top pour frétiller sur l'onde bleue, et puis les bras, ça repousse... Nico entame la réalisation du portique en inox qui accueillera le panneau solaire, l'éolienne et diverses antennes et donnera au bateau un authentique cachet de voilier de voyage...

Puis arrive le jour de la remise à l'eau, le nouveau moteur émet un bruit sympa, c'est chouette ! Éric, qui possède « Zarathoustra », un Dufour 34 comme le mien, avec qui on échange des idées, des conseils, des outils et des ti-punchs vient me prêter assistance pour les manœuvres et l'amarrage du bateau, opérations assez délicates à faire tout seul...

Dans la nuit survient un coup de tabac, avec des rafales frisant les 100 km/h, une première nuit blanche, d'autant que mon bateau est pris en sandwich par deux autres voiliers qui attendent leur tour de sortir de l'eau, pas confortable comme situation...

Aussi, dès le lendemain je préfère rejoindre le ponton d'accueil du port des Minimes, où l'on se range dans un mouchoir de poche non loin du bateau d'Éric. Et l'on se prépare à subir les assauts d'une tempête annoncée pour la nuit d'après, en doublant les amarres, en rangeant le pont, en calant les affaires dans les coffres et à l'intérieur, enfin presque tout...

Minuit arrive dans un calme parfait pour l'heure du crime... et puis soudain Eole se réveille, tel un diable jaillissant de sa boite, la turbine commence à vrombir de plus en plus sous la lumière laiteuse de la pleine lune, la houle se lève dans le port...


Le bateau, pris par le travers, accuse une gite impressionnante et est balloté violemment contre le quai, émettant des craquements sinistres et ça recommence sans que le souffle infernal ne semble vouloir en finir, ce qui n'était pas correctement calé valdingue dans le carré... Stress maximum et la désagréable impression d'être dans une balle que l'on lance et relance contre un mur... Le courant se coupe alors que l'anémomètre enregistre une rafale à 142 km/h vers 3h30, il y a déjà eu des vents plus forts mais leur combinaison avec une très forte marée va donner un nom à cette catastrophe naturelle, Xynthia, qui va révéler un caractère de tueuse en série (plus de 50 morts), laissant des plaies qui nécessiteront plusieurs années avant de cicatriser...

La fatigue me couche vers 6h, après une très mauvaise nuit durant laquelle la nature a martelé sa puissance et imposé sa loi... mais mon bateau est toujours sur l'eau ! J'en réchappe avec seulement des retouches à faire sur ma peinture de coque...

Le soleil dominical va amener sa cohorte de badauds friands d'images de désastres, ils sont servis avec les inondations induites par la marée haute, quelques bateaux coulés ou couchés sur le flanc et 7 kms de pontons détruits dans le seul port des Minimes... Puis vient tout le battage médiatique qui va révéler l'étendue de la catastrophe...

Mes amis les Salmon qui avaient loué un gîte à Charron pour une semaine ont été bien inspirés de partir la veille, ils se seraient retrouvés sous 2 m d'eau... Et pour ce qui est des fruits de mer, maintenant ils vont se faire rare, toutes les parcs à huitres ou à moules sont détruits !


Je suis bien content de m'en être sorti ! Un grand merci à tous ceux qui m'ont apporté leur soutien, ça fait du bien au moral... Le soir venu, la pleine lune illumine une mer d'huile, sans un souffle de vent, quel contraste avec la nuit précédente !

Quand même... ma navigation croise la trajectoire d'une tempête à La Rochelle, l'île de Madère a été submergée par des inondations torrentielles il y a une quinzaine de jours, un cyclone a déjà frappé la Polynésie cette année... Alors, les climato-sceptiques, toujours aveugles et bornés ?