Thursday, August 10, 2006

5-"Téou" traverse l'Atlantique en nov-déc 2005

TRANSAT TEOU NOV-DEC 2005

Encore 450 milles d’eau à courir et ces nouvelles quitteront la Guadeloupe, pour en quelques secondes, faire la route inverse pour s’inscrire sur vos écrans, quel contraste ???

Mais reprenons du début :

Boucler notre chantier « portugais », avec la pression d’un timing serré, ne fût pas aisé, nous n’avons plus le choix, les clients pour la transat seront sur le quai de « Las Palmas » aux Canaries, le 21 Novembre pour les derniers, et le 16 pour le premier…..Alors les essais Voiles, barre hydraulique, pilote auto, réglages et paramétrages divers, mise en route du déssalinisateur, du congélateur, on le fera sur le tas, en descendant le long des côtes portugaises…

C’était oublier la météo à cette époque tardive. Jour J, sous pluie battante, on se verra interdire de quitter Aveiro par les autorités portuaires, mer impraticable, creux de 6 mètres à la jetée….bref, on mouille juste à l’entrée, désireux de ne pas retourner au quai pour la seconde fois, et nous paramétrons le pilote auto. Bien nous en a pris, au petit matin, une grosse houle résiduelle nous accueille, la marée montante nous laissant passer, Timery va enfin connaître l’Océan, à bientôt cinq mois.

Deux amis nous filent le coup de main, heureusement, Maiken étant happée par sa fille, qui réclame ses temps de jeux et ses tétées, en oubliant le mal de Mer.

A peine sorti, et le système hydraulique explose, désolidarisant les socles des vérins du canot….n’ayant plus le contrôle de Téou à la barre, le pilote de secours prend le relais et nous dépose deux jours plus tard, au Cap Sagres, pointe Sud du Portugal, où nous décidons une halte sauvage pour réparer. Le spot est magnifique, la carène à nettoyer, l’eau plus chaude, 16°, ce serait dommage de ne pas en profiter…

Au petit jour, sûr d’avoir résolu nos pannes, on remet les voiles pour les Canaries direct, adieu Madère, à l’année prochaine, le temps nous manque.

Quelques encablures plus loin, et repatatraque, adieu barre, le problème persiste et signe, il nous faut continuer sous pilote de secours, à allure réduite, celui-ci n’agissant que sur un safran. Dommage, le vent fût de la partie, 35 nœuds bien établis, on se fera bien secouer mais positivons, nous testons enfin notre joujou grandeur nature…et la liste « réparations, modifications » s’allonge. Alors vous causer des Canaries vu par le touriste que je suis, inutile d’y songer, les heures sont avalées par la mise au point, et tout le monde à bord participe, nous sommes à fond pour mettre en état et ordre le canot, afin de prétendre traverser à huit personnes .Maiken,Timery, et nos deux équipiers me quittent à Las Palmas, laissant à contrecœur leur place aux clients….

21/11 Les adieux sont faits, les courses s’organisent et l’équipage fait connaissance, 23/11 Sud Ténériffe, c’est enfin parti pour 2850 milles en route directe, le pilote auto principal fonctionnant, « ouf ». Le vent n’est pas de la partie, Hierro tarde à disparaître, tout le bord s’amarine tranquillo. Enfin de l’air, il me tarde de tester l’engin, sous spi et sous pilote, quel confort…trop du reste, puisque à 19,2 nœuds, il explose par 28 nœuds de vent réel, bien de ma faute, cela va nous coûter quatre jours de mer de rab.

La météo marine nous informe de cette tempête tropicale « Delta », elle fera la une de vos quotidiens après avoir caressé les Canaries. Pour Nous, c’était deux jours plus tôt, là aussi, j’avais eu la bonne idée de vouloir la passer par son Nord, et profiter ainsi de vents portant sur une route plus directe, mais c’est oublier combien ces dépressions sont capricieuses, rapides et vicieuses, nous barrant la route, en plein dedans, l’occasion pour ne pas trop perdre de terrain, de nous essayer à la cape sèche par 42/43 nœuds bien établis, la plus grosse rafale atteignant 48,8. La Mer fût celle du vent, le cata bien secoué, chahuté, cogné, calmant tous les costauds du bord, et laissant apparaître avec bonheur, l’idée d’une route plus Sud au détriment d’une plus directe….

Ainsi commence la pêche, les bouffes, les siestes, les réparations diverses, le tout dans un confort acceptable….Le bateau est chargé ras la gueule, alors quel plaisir à mes yeux que de les voir dévorer…on s’allège pour mon plus grand bonheur. Delta aura signé son passage, chandelier avant tribord explosé, cale de poulie de chariot de GV également, etc, etc.…et tous les autres délires, déssalinisateur qui désamorce, capot de survie qui fuit de plus en plus, tête de bout dehors qui se désolidarise, mais à force de ligature , nous pourrons renvoyer le Genacker, frigo qui nous lâche suite aux secousses du plancher de carré, bref, les journées sont courtes, à réparer et assurer la navigation, et les nuits sont pleines, personne à bord n’étant apte à assurer des quarts digne du nom.

Et les journées passent, l’alizé est là, nous poussant gentiment vers notre choix, « Point à Pitre ».

Nouveauté dans cette transat, l’Iridium, téléphone satellite, qui me permettra de joindre Maiken, de glisser des news fraîches à ceux qui suivent notre périple.

La déception, ne pas avoir vu grimper à bord, Thons, Thazards ou oiseaux du large….mais quelle cure de Dorades Coryphènes….

A part de gros cargos, pas de baleines ou cachalots ne caresseront la coque, peu de dauphins également, la sur pêche y serait-elle pour quelque chose ????

A bord, lecture, jeux de cartes et siestes imposent le rythme des journées, que cela file…

Huit personnes d’horizon divers, c’est obligatoirement goûter à la différence…pas toujours facile ou constructif !!!

13/12, au petit matin, nous glissons tranquillo le long des côtes guadeloupéennes, pour affaler devant la marina de « Bas du Fort », l’accueil est des plus chantant, retrouvailles avec ma petite famille et la chaleur tropicale, le bonheur se lit sur nos visages, la transat vient de s’achever, comme un bon livre….

Bisous à tous et à très bientôt de vous lire.

Equipage Téou.

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