Friday, August 25, 2006

10- "Téou" rencontre "Babouche"

Canada, Eté 2006

Ah Labrador, tu nous as enchanté, pardon, envoûté. La tâche est difficile, vous peindre cette région en quelques lignes, pas facile !!!!

Ici, c’est l’ambiance qui prime, les couleurs, les contrastes, le silence, la grisaille,…et les coups de vent.

La finale de Coupe du Monde perdue, la tempête enfin s’atténue et nous reprenons route vers le Nord. Une vraie ascension…chaque mile compte, et notre route croise quelques icebergs dérivant, autant vous dire, proscrire toute navigation de nuit est de rigueur. Seconde hantise, le brouillard, si soudain au milieu de tous ces cailloux que nos cartes sans détails nous cachent. Heureusement, nous croiserons très peu de … brouillard.

Williams Harbour, 50 habitants, nous accueille à son ponton, tous pêcheurs, 3 femmes sur cette île, trois sœurs….évoquer le problème de consanguinité ici n’est pas au menu du jour, nous ne sommes que de passage… Au Labrador, ils sont tous pêcheurs, de saumons, de truites, morues, bulots, coquilles St Jacques, crevettes, crabes…

Tout est réglementé, strict au premier abord, six bagues annuelles = six saumons par pêcheurs… les bagues bien au chaud dans leurs poches, les saumons bien au froid au fond des barques, les contrôles…réservés aux oiseaux de passage ou canadiens en visite sur le secteur. Le saumon se pêche en mer intérieure, au filet et dans peu d’eau, ou en rivière à la mouche. Des américains déboursent jusqu’à 10 000 Usd pour rapporter l’image souvenir de leur portrait accolé à leur prise, le « cher » saumon.

Les nôtres nous seront offerts, sous le manteau, sans jamais atteindre la Terre ferme, qualité fraîcheur oblige.

L’autochtone peut assurer 70% de son autarcie, l’hiver, la chasse leur procure caribous, orignaux, porcs épics, canards et oies sauvages … certains trappent encore le renard, le vison et le célèbre « Cousin aux longues oreilles »…Au dégel de la banquise, les pêcheurs se transforment en chasseurs de phoques adultes, à 107 Usd / pièce, c’est de l’argent facile nous disent-ils !!!.....sans commentaires.

En glissant le long de ces côtes, nous croiserons, primo des baleines, une jaillira presque entière hors de l’eau, à quelques mètres de notre tribord, motivée à séduire son mâle, et secundo, des groupes de phoques en pleine eau, peureux (normal !), sans oublier les macareux plongeurs au bec orange, les guillemots, les fous, les goélands …

Les jours de calme, c’est impressionnant de les voir flotter de partout, par milliers….nos étraves les obligent à décoller ou plonger, certains apparaissent trop chargés et courent indéfiniment sur l’eau, tout paniqué à claquer des ailes, sans pouvoir rejoindre les airs…

Les jours de mauvais temps, peu nombreux, nous bloquent au mouillage ou sur des pontons abandonnés. Le gouvernement canadien, afin de réduire les coûts, a décidé de regrouper les différentes petites communautés éparses en plusieurs villages, afin de construire ou d’aménager à chacun, un groupe électrogène, un aérodrome, une école, un dispensaire. Ainsi, dans ce dédale de cailloux, nous découvrirons les vestiges d’anciennes communautés, ou les quelques cabanes en bois, finissent par s’écrouler, ou sont entretenues par les familles qui y passent quelques jours l’été. Les rencontres sont toujours bienvenues car pures, le cata les impressionne, notre mode de vie également. Mais j’avoue, à la 500ème visite, je suis perroquet.

Ouf, le souffle nouveau attendu, nous est venu de « Babouche », premier voilier croisé depuis deux mois, cata français construit par ce couple génial, Seb et Anne-Lise, en route pour rejoindre la Baie James avant de s’attaquer l’année prochaine, au passage du Nord Ouest à la voile pure….visite de leur site, incontournable :

www.babouche-expe.eu

(Allez visiter ce site, c’est un super délire ! Libellule)

Merci coup de vent, il nous laissera le temps de partager de bons repas et un bien agréable moment dans cette communauté déserte… quel décor.

Ce type de rencontre est toujours trop court, mais chacun de nous doit continuer son chemin, en espérant de tout cœur que nos routes se recroiseront…

Dans un autre genre, en rencontre peu ordinaire, ce fût celle d’un orignal, un soir dans un mouillage désert, pas facile à identifier, vu qu’il nageait, quittant une île pour rejoindre le continent. Suivi de près en annexe, cet animal impressionne par la puissance sauvage qu’il dégage, quel bon nageur.

Puis ce fût la rencontre tant souhaitée avec les Ours, les Bruns pas les Polaires. Les ours polaires, dès Juillet, sont probablement plus au Nord, à la limite des glaces, et la planète se réchauffant irrémédiablement, cette limite est de plus en plus Nord chaque année, alors à notre grand regret, nous n’en croiserons aucun.

Mais concernant les Ours bruns, facile, approchez vous à la tombée du jour de la décharge de Cartwright, et laissez vous impressionner, ces belles peluches nullement agressives, gardent leur distance, une vingtaine de mètres, sans répugner une vraie séance photo, avant la nuit qui vous chasse accompagnée de moustiques par milliers.

Sur les pontons des communautés habitées, on y croise aussi quelques benêts, soyons honnêtes…et si ce simplet tombe amoureux de Timéry, il se transforme en glue. Ici, tous causent un « Cht’i anglais », alors la barrière de la langue nous permet pas toujours de les détecter rapidement. Ainsi à Mary’s Harbour, en compagnie de Jacques, canadien francophone bilingue des Iles de la Madeleine, et de notre glue locale, autour d’une discussion animée, d’une bière et d’une paire d’heure, je me confie à Jacques en français : « sache que je ne pige pas un mot de ce que l’on se raconte » et lui de me répondre « moi également », et pourtant, déjà deux heures que tous, on hoche et s’approuve les uns les autres, pas facile…

Mary’s Harbour, ce fût l’impossibilité de refuser l’invitation à la big fête annuelle, le « Crab festival », 4OO personnes, imaginez nos fêtes de village des années 70, moins la rigolade, l’alcool y est ici interdit. Heureusement, Timéry fût l’alibi béton pour échapper à la Boum des Teenagers qui suivit.

Depuis, nous nous battons contre les vents dominants de Sud Ouest, droit dans le pif, en route pour les Iles de la Madeleine en passant par Terre Neuve côte Ouest, le détroit de Belle-Isle nous a bien secoué, une Mer courte, genre machine à laver, un courant perceptible de 4 nœuds, et ils en sont fiers…le tout sous brouillard et pluie soutenu, on se régale.

Biz à tous

Team Téou.

1 comment:

Thierry said...

et ben ca voyage par ici !!
Salut c'est Thierry le francais rencontré dans le Wadi Rum chez les Bédouins !
Très belles photos de la Jordanie sur ton autre Blog, bravo !
Es tu allé à la frontière de l'Arabie Saoudite finalement ?
Perso, nous sommes allés à la mer rouge, puis Madaba, la mer rouge, Amman et Istanbul.
Voici le lien vers mon MySpace avec ma musique :
www.myspace.com/thierrycadet


THierry