Thursday, August 17, 2006

6-"Chtimagine" dans les fjords chiliens de mars à juin 2006

Mardi 30 mai 2006

On vient d’écrire un long message et il est passé à la trappe... Du coup on recommence... Ca ne fait rien, il pleut des trombes d’eau... C’est habituel ici...

Donc : Nous sommes partis le 18 mars au soir de Puerto Williams (Papa Whisky pour les intimes...) en compagnie de Tiamanga et Atao qui était
parti quelques heures auparavant. Eux, ils se baladent avec 5 mômes...
Arrivés le lendemain matin à Caleta Olla, un dernier au revoir au Boulard et le soir on cuit le gigot de Tiamanga sur la plage. Le renard par l’odeur alléché en sera pour ses frais, c’est pour nouz’ot... .Balade et pique nique le lendemain, on profite du beau temps que l’on sait plus que bref dans le coin...

Départ seul pour les glaciers : Fouque, Coloane, Pia, Garibaldi et Seno Ventisquero après le poste de contrôle de l’armada chilienne de Timbales. Nous y avons eu des williwaws, sorte de tornades très rapides où les vents atteignent… ?

En fait on n’en sait rien... on se prend 30 degrés de gîte en 5 secondes à sec de toile... Le but du jeu c’est d’essayer de les éviter... en anticipant leur trajectoire...


Le Seno Ventisquero a été notre préféré. Passage de la moraine un peu délicat :
il faut surveiller les petits icebergs, ceux qui sont échoués c’est pas bon, ceux qui sont emmenés par le courant nous indiquent le passage. Arrivés au pied du glacier qui vêlait, des blocs gigantesques, imaginez 50 m x 50 m de glace qui tombent d’un coup... La vue, le bruit ensuite et pour finir la houle souple qui en découle... Impressionnant...

Le vent du nord s’étant levé (tiens donc...),
nous nous demandions si nous allions pouvoir revenir au mouillage. Les icebergs rencontrés après la moraine à l’aller n’auraient ils pas bouché le passage ? S’il faut commencer à sortir l’ancre et l’annexe pour accrocher les glaçons et se frayer un passage on n’en finit plus…

Nous avons dû attendre 5 jours pour avoir un temps maniable à Caleta Emilita.

C’est là que nous avons entendu la météo chilienne sur la radio annonçant, heureusement plus au sud... vent d’ouest... 100 noeuds... rafales jusqu’à ...120 noeuds... Nous, nous n’en avions que 50 dans les rafales... Avec nos 4 bouts accrochés sur les troncs des arbres et l’ancre, nous avons pu dormir tranquilles...

Nous n’avions plus de réception fax météo car bien entendu l’ordinateur est tombé en panne... suivi de peu du caméscope qui était passé à l’eau…
Bref, l’humidité ce n’est pas génial pour tout ce qui est électrique ou électronique...

Heureusement, on avait pu prendre des photos numériques avec le caméscope...

Remarquez on était peinards : au moins, pas de problème avec le pilote électrique :
on n’en a pas... du coup on barre tout le temps... sans capote pardi... Le plus con, c’est que Pierrot a oublié son casque intégral dans la cave à Lille pour les déluges de grêle... ou de neige ça aurait été pourtant bien utile...

Une petite fenêtre météo s’est ouverte et on en a profité. Tourmentin 2 ris à tirer des bords, vive le sport et ça fait du bien d’avoir un bateau qui marche...

Nous avons bien aimé le canal Brecknock et sa caleta. Ca c’est du sauvage...
On a quand même réussi à trouver un copain : un rat équilibriste qui est venu nous rendre visite deux nuits de suite. Pas de bol pour lui, le bateau était bien fermé.
On n’irait pas jusqu’à dire hermétiquement fermé pour la grêle mais pas loin... On en rigole maintenant mais on n’en menait pas large... Surtout pour notre réserve de fromage... Ouf, il n'est pas venu avec nous pour la suite du voyage... On a été jusqu’à ouvrir la Grand-voile pour vérifier
s' il n’était pas dans les plis... C’est drôlement rusé ces bêtes-là...

Ensuite nous sommes sortis sous un vent d’enfer, moteur plein pot, de la caleta, direction le passage du Seno Pedro pour arriver dans le Magellan. Là, le tourmentin seul a suffit...
6 noeuds de moyenne quand même... Des mouillages superbes tout au long du voyage... et surtout bien abrités, histoire de récupérer un peu. Par contre, les cartes ne sont là que pour aider à la navigation (on exagère un peu bien sûr...) mais il est fréquent d’avoir le point sur la terre et des erreurs de 2 miles ne sont pas rares... Dire qu il y en a qui ne naviguent qu’avec des cartes électroniques... Ici il faut faire gaffe et avoir un oeil dehors (pour nous ce n’était pas compliqué vu qu' il y avait toujours quelqu’un rivé à la barre...).

Un petit passage où le courant peut atteindre 8 noeuds en vives eaux (quand même) et on aura compris comment ça peut bouillonner dans le secteur. Arrivés dans le Magellan on a de la place mais le courant d’ouest est toujours contraire... Heureusement on s’est offert des surfs à 10 noeuds (si, si...) et 72 miles en 10 heures... avec du vent de Sud Est... grand voile haute et génois tangonné, ça gazait...

Du coup on a pu arriver le soir au Phare de Fairway le bien nommé... Après avoir demandé l’autorisation de s’amarrer sur les immenses pneus des Caterpillars des mines de cuivre, nous avons été très bien reçus par la famille vivant sur ce petit îlot (cerise sur le gâteau : douche et pisco...sour.....bien sûr...sans oublier la lessive). Le lendemain dans le canal Smith nous avons croisé une baleine, heureusement elle est passée réglementairement à tribord...

Une épave avec le cul en l’air nous a fait redoubler d’attention, faudrait quand même pas que ça nous arrive... Un degré de gagné dans le nord, par ci, par là, et c’est la grêle qui s’en va (vieux dicton patagonien). Avant d’arriver le 1er mai à Puerto Eden nous faisons une petite escapade dans le glacier Pie XI, histoire de ne pas oublier le goût de la glace... coup de bol, le baro continue de grimper et c’est sous un ciel radieux que nous pouvons, accompagnés par les dauphins jusqu’au pied du glacier, contempler sur 3.5 Kms de longueur et 50 m de haut cette paroi bleutée étincelante. (Si, si...).

Les journées de beau temps sont tellement rares... Mouillés dans une caleta à proximité du glacier, toujours accompagnés des dauphins jusqu’au mouillage…

Nous repartons le lendemain. L’anticyclone est tellement costaud qu'il a gelé la nuit... La sortie du fjord se fera dans la brume à casser la glace, radar en marche. Il faut faire très attention aux gros glaçons charriés par un autre glacier qui se déverse dedans et qui nous barre la sortie pour Puerto Eden. Vers midi tout est rentré dans l’ordre, le soleil est revenu.

A Puerto Eden, Nicolas a eu l’agréable surprise de retrouver son
bateau oublié sur "Le Sourire" chez les carabineros (les keufs locaux).
Quelle joie ! Atao l’avait reçu de Kotick qui l’avait reçu du Sourire. Merci les copains...

Une anecdote étrange à ce propos : le dévidoir du bout pour son petit bateau, en carbone kevlar (on ne se refuse rien...) a été récupéré dans une poubelle par le Père de Pierrot sur le port de la Trinité sur Mer quand nous préparions notre premier bateau en 1986. Cet échantillon
provenait du bateau de course de Loïc Caradec disparu lors de cette route du rhum... Il avait modifié les cloisons de son bateau avant de partir... Et bien des années plus tard, voici que son frère Alain Caradec (nous le supposons) l’a eu entre les mains sans le savoir....

L'anticyclone est toujours là : on se casse... au radar. On n’y voit pas à 20 m.
C’est quand même bien pratique ces petites bêtes-là... Du coup on passe le golfe de Penas quelques jours après, au moteur... Houle croisée : tout le monde est malade sauf le capitaine. On mouille dans un caleta bourrée d’otaries...
Elles sont trop rigolotes, on les adore...

Nous passons dans la baie Ana Pink et rejoignons les canaux pour atteindre notre dernier glacier : le San Rafael. Là, ce sont les plus gros icebergs qui sont charriés. Passage dans des courants importants et mouillage dans une toute petite rivière bien à l’abri.

Ensuite remontée sur Puerto Aguirre où il faut refaire pleins de papiers avec l’armada... On retrouve la "civilisation paperassière". Un rat vient nous rendre visite la nuit (entre une heure et trois heures, c'est leur heure), pas de bol pour lui le Chtimagine est toujours fermé...

Quelques jours plus tard nous sommes surpris de voir un petit avion voler au ras des flots... En fait, il est en train de nous rechercher... Nous n’avons pourtant pas activé notre balise de détresse, qu’est ce qu ils peuvent bien nous vouloir ...

Nous n’avions pas donné notre position depuis 5 jours et pour cause nous n’avons pas de BLU émettrice mais seulement la VHF avec une portée dans le meilleur des cas de 15 miles... Sans compter les montagnes impossibles à traverser par les ondes...

Nous avons eu le droit d’être invités dans le bureau du capitaine de port de Quellon pour une explication, qu’il a bien comprise par ailleurs... Qu'est ce qu’on était peinard quand il n’y avait personne !

Voilà les nouvelles... Nous repartons d’ici une paire de jours à musarder entre les îles
du golfe de Corcovado et d’Ancud avant de rallier Puerto Montt. Nous y serons vers le 10 juin,
histoire de refaire un coup de tampon en Argentine car nos 3 mois chiliens sont bientôt écoulés...
et ce sera reparti pour 3 mois... Bises à tous, ce fut long mais bon on l’espère...

Jeudi 8 juin 2006

Bien le bonjour de Puerto Montt où nous sommes arrivés cet après midi. Tout
va bien à bord. Grosses bises à tous (on va d’abord se prendre une bonne
douche...). Ensuite apéro sur Atao... Les gamins sont tous contents de se
retrouver... et les grands aussi...

A+

CHTIMAGINE II

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