Wednesday, March 16, 2011

68 : Label de Cadix

J'ai amarré Eclipse à Rota, à l'extrémité nord de la Belle de Cadix... Située sur une presqu'ile sur la façade atlantique de l'Andalousie, la ville de Cadiz héberge l'un des plus renommés carnavals, où le traditionnel défilé de chars sur une large avenue de la ville nouvelle se conjugue avec les troupes de chansonniers itinérantes dans les étroites ruelles de la vieille ville...

Le défilé de chars a lieu le premier dimanche de la dizaine de jours que dure le Carnaval, spectacle haut en couleurs et riche en confettis et serpentins comme tous ce genre de défilé (sans toutefois se comparer à l'extravagance du Carnaval de Rio)...
Vu (ou plutôt entendu) la clameur populaire au passage de l'aigle volant articulé, suivi par ses cracheurs de feu, la Troupe des Machines de l'Ile de Nantes ferait un tabac ici avec son éléphant !  

Jack a dit en Acadie qu'à Cadiz, le carnaval c'est d'abord une fête populaire et familiale, et la population s'y implique grandement, se costumant à tous âges pour aller se régaler des couplets satiriques clamés par les « coros »...
Ce sont des chorales costumées clamant leur répertoire depuis des chariots tirés par des tracteurs si elles sont officielles ou allant à pied d'un porche à un coin de rue si ce ne sont que des « amateurs ».
Quoiqu'il en soit, ce sont de vrais artistes, qui offrent de vraies performances vocales...
Les amateurs de spectacle, c'est à dire le public, répond activement à la pertinence et l'impertinence du propos, qui prend souvent pour sujet les relations de couple mais aussi la vie politique et sociale, pas étonnant que le Carnaval ait été interdit pendant la dictature franquiste !
Une simple perruque fluo ou une paire de lunettes fantaisie suffisent à faire un plus ludique mais il y a énormément de costumes plus élaborés, des enfants déguisés en coccinelle, en arlequin, en Bob l'éponge, en petite fée ou bien sûr en sévillane et des adultes grimés en veuves éplorées, en pirates, en girafe ou en coq, en preux chevaliers, en légume, en super-héros, en diablotins, en hommes préhistoriques, en femmes fatales, etc...
Les avatars virtuels du monde numérique prennent vie dans la rue, que ce soit pour exorciser ses démons ou, plus souvent, juste pour rire... On sent que ça fait du bien de se changer les idées de la grave crise qui frappe de plein fouet l'Espagne dont l'économie repose en grande partie sur le système des crédits multiples...

Tout ça se passe dans les ruelles et les placettes de la vieille ville, il y a une foule énorme et donc une cohue indescriptible, collés-serrés, les cons pressés sont comprimés comme les autres ! Moi qui n'aime pas l'oppression des masses populaires...
Les bouchons de la rue sautent moins facilement que ceux des bouteilles, surtout que l'espagnol est fier, pas question de reculer d'un quelconque côté pour faciliter le passage en sens inverse... Résultat, ça coince ! Hombre !
Heureusement qu'il y a parfois des échappatoires, je m'accorde de temps à autre quelques pauses sur le front de mer, faut dire que suivre le mouvement implique de crapahuter, piétiner, bousculer, bref, ça use ! La météo, orageuse et agitée toute cette semaine, s'avère finalement clémente pour les carnavaliers, ça me permet de tester ma dernière paire de lunettes de soleil, avec laquelle on ne manque pas de me regarder droit dans les yeux...

Bon, en Espagne, on n'est jamais très loin d'un troquet, et encore moins pendant le carnaval où fleurissent les terrasses ou les comptoirs improvisés... On s'y régale notamment de fruits de mer (j'adore les oursins !), de tapas divers, de paella, de bière et de vins régionaux, comme le Sherry de Jerez (rouge liquoreux) ou le Manzanilla de Sanlucar de Barrameda (blanc sec)... On peut bien sûr trouver plus corsé, genre whisky, vodka, etc... mais le costume d'ivre-mort n'est pas celui qui permet le mieux de participer à la fête, non ?

Les horaires du ferry ne me permettent pas de rester à Cadiz la nuit, comme je me suis installé de l'autre côté de la baie, mais le carnaval de Rota, bien que plus modeste, s'avère tout aussi haut en couleurs pour satisfaire le goût de la fiesta des petits et grands enfants et finir d'achever ce qu'il me reste de doigts de pied...
Las, un violent orage prive Rota de la cavalcade finale, un mauvais poisson d'avril mal placé, en quelque sorte, il n'y a pas que l'équipe du XV de France qui prend l'eau ! J'en profite pour fignoler mes photos sur l'ordi, y'a du taf !

Dire que cette semaine, c'est la Saint Patrick, des guirlandes on va passer à l'Irlande, et ce n'est pas une erreur de géographie, ici aussi il arrive souvent que Guy naisse... Puis, dans un autre genre, l'Espagne ne va pas tarder à basculer dans les processions de la semaine sainte, une tradition très suivie partout dans le pays...

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