Wednesday, March 09, 2011

67 : Je me gave en Algarve...

De mon camp de base à Albufeira, je rayonne dans cette province du sud du Portugal, profitant de la douceur du climat hivernal, comme les cigognes... J'en ai ainsi (heureusement) un autre aperçu que la succession de vastes complexes hôteliers qui bétonnent une (trop) grande partie de la côte pour offrir un paradis standardisé et sans âme à des dizaines de milliers de touristes d'Europe du Nord... Aucun problème pour suivre le championnat de foot anglais, ou ces maudits ennuyeux matches de cricket tout en buvant une pinte de bière, plus de 20 000 anglais se sont installés dans la région et il semble que chacun ait ouvert un pub ! Moi, je me contente d'y aller regarder les premiers matches du tournoi des 6 nations (c'est du rugby, pour les ignares !)...

Il suffit de s'enfoncer d'une dizaine de kilomètres dans l'arrière-pays pour retrouver le Portugal aux portugais, où la vie des villages est rythmée par les marchés hebdomadaires, comme à Loulé, où je fais amples provisions de légumes et fruits frais, c'est la saison des petites oranges juteuses sucrées à souhait... J'en ramène aussi du miel, du piment pour faire le Piri-Piri, des olives et du fromage de brebis frais, qui s'accommoderont très bien d'un vin de l'Alentejo, on trouve de bons vins très bon marché par ici...

Il y a aussi les fêtes religieuses où l'on promène le Saint Patron en procession à travers le village, et où les villageois font des offrandes à leur église... A Querença, tout le monde élève des cochons et le curé se retrouvait chaque année avec une énorme montagne de saucisses, boudins frais et saucissons dont il ne savait que faire... Il a donc eu l'idée d'organiser un festival de la saucisse conjointement à la fête paroissiale, qui a un grand succès dans les environs, et la vente de toute la cochonnaille remplit amplement les caisses et les ventres affamés... Amen ! (A moins que ce ne soit « amène » ?)

L'Histoire laisse aussi son empreinte dans cette partie du Portugal, avec ses villes fortifiées, Silves et sa citadelle imposante qui domine un pont romain, mais aussi Lagos où l'on trouve le premier marché aux esclaves, érigé dès les premières expéditions portugaises le long des côtes d'Afrique... Plus exposées, les fortifications de Sagres ont été ravagées par le tsunami consécutif à l'énorme tremblement de terre qui rasa Lisbonne en 1755... Il reste néanmoins les belles falaises du Cabo Saô Vicente, tombant abruptement dans l'océan, comme les Cliffs of Mohair, en Irlande...
Ce sont aussi les terrasses centenaires qui escaladent la Sierra de Monchique pour faire pousser les oliviers, les eucalyptus et les chênes-liège, sous la surveillance du radar de l'Otan installé à son sommet...

Plus à l'est on trouve les rivières de Faro et d'Olhao qui se rejoignent pour former une lagune, paradis des oiseaux (les poissons ont sûrement un avis différent !), dont la vie est rythmée par les marées qui dévoilent ou recouvrent le relief mouvant... Entrer ou sortir du chenal en dehors de l'étale de la marée haute doit être une opération mouvementée, compte tenu des forts courants... J'aurais aimé avoir plus d'expérience (et/ou un équipage) pour prendre quelques mouillages forains dans le courant de la rivière, mais je ne prends pas le risque de jeter Eclipse sur un banc de sable... Las, après m'être amarré à quai à Olhao, je m'entends dire par les autorités portuaires que je dois repartir, faute de place disponible (!)... Heureusement, le gardien de la marina est plus intelligent (et plus aimable aussi) et me laisse stationner sur ma non-place pour la nuit, c'est tout de même rageant car la ville s'avère bien sympatoche, à l'écart du flux touristique, si j'avais su, je serais arrivé un vendredi soir pour pouvoir rester tout un week-end, hors des horaires de travail de fonctionnaires bornés...

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