Friday, January 28, 2011

65 : Madère, j'adhère !

Ayant découvert fortuitement l'existence de ce ferry qui relie le sud du Portugal à l'ile de Madère et aux Canaries, je me suis embarqué pour une escapade d'une semaine sur l'ile de l'éternel printemps.
C'est donc à la vitesse d'un trimaran de course que je parcours en 22 heures les 580 miles (environ 1000 kms) qui séparent l'ile du continent. Madère est une ile volcanique qui, malgré ses dimensions restreintes (57 kms de long, 22 de large), culmine à 1862 m, ça grimpe vite !

Pour m'en convaincre, direction le Cabo Girào, l'une des plus hautes falaises d'Europe avec 580 mètres de gaz, c'est pas le moment de paumer ses clés ! Le réseau routier secondaire (qui était principal avant que les madeirenses ne multiplient les voies « rapides » aux innombrables tunnels) escalade et dégringole le long des coteaux abrupts où poussent les bananes, la canne à sucre, l'osier et la vigne... C'est quand même pas courant de prendre le téléphérique pour rejoindre son lopin de terre ou la minuscule plage de sable noir en contrebas, comme à Achadas da Cruz !

En 600 ans, les iliens ont construit des milliers de terrasses de culture vivrière, alimentées par des centaines de kilomètres de « levadas », ces canaux de drainage et d'irrigation qui sillonnent la montagne et le long desquels on peut se balader, attention, il faut parfois être un montagnard averti... D'ailleurs, la neige en moins, j'ai vraiment l'impression de visiter les plus hautes cimes d'un massif montagneux, tellement c'est raide et tortueux, en 150 kms je n'ai jamais pu enclencher le 4ème rapport de boite de vitesse, et rarement le 3ème... Bon, de toute façon, cette année je serais de retard au boulot, alors bof ! Autant profiter de l'accueil de ces gens encore habitués à la vie en montagne, moins pantouflarde que dans nos capitales européennes paralysées dès les premières intempéries lancées par le général Hiver...

Madère, c'est une symphonie verticale, tant pour son relief que pour ses grands arbres, notamment les eucalyptus... Moi qui commence tout juste à m'habituer à l'immensité horizontale des mers...
Terre volcanique et douceur du climat font que la végétation y est souvent luxuriante et l'ile est constamment fleurie, genêts, orchidées, lauriers-roses, géraniums, arums, sans oublier l'oiseau du paradis ou la jubarbe glutineuse... J'adore des noms de plantes comme ça ! C'est un régal de visiter les jardins botaniques ou les stations florales du parc naturel...

Madère, ça donne envie de (re)lire « Voyage au centre de la Terre », de Jules Verne, surtout quand on se balade dans les tunnels creusés par la roche en fusion vers Saô Vicente ou que l'on imagine se baigner dans les piscines naturelles où les coulées de lave emprisonnent le ressac de l'océan, comme à Porto Moniz... 

C'est aussi le plateau quasi désertique de Paul da Serra, où les bombes de basalte ne laissent pousser qu'une lande rase, de la mousse et des lichens (do you speak lichen ?), battu par les vents qui font tourner les éoliennes...
C'est encore la beauté sauvage des cascades perforant les parois volcaniques de la côte nord pour rejoindre l'eau salée...


Pour continuer dans le grand spectacle en Cinémascope Technicolor, je monte au Pico de Arieiro, à 1818 mètres, vue imprenable sur le relief tourmenté de l'intérieur de l'ile avant que les nuages ne lancent leur assaut glacial, ce qui me fournit un prétexte pour goûter au Poncha Regional, à base de rhum, de miel de canne à sucre et de jus de fruits de la passion, muito bom !


Je passe ma dernière journée à Funchal, la capitale de l'ile, qui s'étire sur les coteaux et où il vaut mieux se passer de voiture, vu les difficultés de circuler et surtout de stationner dans les rues étroites !
Outre les monuments et les églises somptueusement décorées qui rappellent que le Portugal a établi sa fortune passée sur la découverte des Amériques et des nouvelles voies de navigation, il ne faut pas louper la visite du « Mercado dos Lavradores » (Marché des Travailleurs), pour ses étalages de vannerie, de fleurs et de fruits exotiques locaux, mangues, papayes, christophines, et pour son marché aux poissons où règne l'espada, poisson des grandes profondeurs à la chair succulente, souvent servi en « prato do dia » (plat du jour) dans les restos...
La vieille ville n'est pas désagréable, surtout quand il fait 26° à l'heure de l'apéro sur la promenade du front de mer, je prends un verre de vin de Madère sec (le comble pour un liquide !) pour accompagner quelques tranches de pain frais (c'est à dire encore chaud !), tartinées de beurre à l'ail et de lamelles de chouriço (chorizo, en « français » !), la vida dura...
Madère, gemme de l'Atlantique, Madère j'aime !

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