Monday, May 10, 2010

49 : Eclipse hiverne !


Période de basses eaux... J'ai investi tout mon pécule afin d'équiper correctement le voilier pour quelques balades au long cours, mais la bourse du pirate est dorénavant aussi plate qu'une limande tassée au fond d'un sac sous le pied d'un éléphant... Je dois absolument refaire ma caisse de bord et trouver un emplacement moins onéreux que le port des Minimes (500 € la place à quai pendant les prochains 6 mois !).
La solution la plus pratique consiste donc à hiverner « Éclipse » à sec à Marans, de toute façon je ne peux pas installer mon panneau solaire et mon éolienne tant que Nico n'a pas fini ses travaux de soudure sur le portique (ce qu'il a arrêté de faire sans explication depuis un bon mois...) et je dois revenir sur Lyon pour le boulot, à La Rochelle je bouffe la gamelle !

16 miles nautiques séparent les 2 ports, mais le vent autorise quelques détours pour profiter d'une belle journée de navigation à la voile, la première depuis mi-décembre, quel bonheur de s'extirper enfin de ce piège qu'était devenu le port des minimes après le passage de la tempête... J'invite mes voisins de ponton, Eric et Monique, à partager ce plaisir et on largue les amarres.

On contourne le phare du bout du monde pour se diriger vers le célèbre Fort Boyard, vaisseau de pierre ancré à mi-chemin des îles d'Aix et d'Oléron (mais, le temps que sa construction se termine, l'amélioration de la portée des canons avait rendu son rôle défensif caduque...)
Bien que l'accastillage du bateau montre quelques faiblesses, « Éclipse » se plait à accélérer sous les risées soulignant les nuages cotonneux qui défilent invariablement (signe d'un temps variable !)

Puis, virement de bord pour remonter au près vers le pont de l'île de Ré, l'eau vert-turquoise du pertuis d'Antioche laisse la place à l'eau café-crème du pertuis breton, faut dire que le sondeur (tout neuf !) indique parfois 0 m, autant dire que le « pied du marin » a les orteils qui frétillent en passant au dessus des parcs à huitres qui tapissent l'anse de l'Aiguillon... Je serre les fesses !

C'est donc avec un certain soulagement que l'on trouve l'embouchure de la Sèvre Niortaise au milieu de cette étendue plate où la mer n'a cédé la place à la terre qu'au siècle dernier... On remonte le chenal envasé et sinueux à la voile avec l'aide du fort courant de la marée montante (3 à 4 nœuds...). C'est ce jusant qui rend la prise de corps-mort fort malaisée, alors que l'on doit attendre l'ouverture du pont routier qui commande l'accès à l'écluse du Brault. Surtout qu'au cours d'une tentative d'amarrage, le bout se prend dans l'hélice et le courant nous pousse alors inexorablement vers les piles du pont... Eric et Nico ont le bon réflexe en jetant la pioche, ouf !
C'est Nico qui plonge dans l'eau boueuse pour dégager l'hélice... Comme quoi il faut toujours se préparer à des surprises, même durant une navigation apparemment anodine...
Bon, ensuite, c'est sans encombre que l'on passe le pont levé (à l'heure de la pleine mer) puis l'écluse avant la dernière ligne droite jusqu'au petit port fluvial de Marans (pourtant l'un des plus grands ports céréaliers du royaume de France)... Le soleil se couche, Champagne !



Le lendemain, je prépare « Éclipse » pour son hivernage d'été et pour sa sortie de l'eau par une grue hors d'âge, une manœuvre toujours délicate... Le grutier m'informe que mon bateau pèse 8 tonnes, aaah boOon ? Ça fait bizarre de voir mon bateau côtoyer les arbres avant de trouver sa place au fond d'un parc gardé où il va sommeiller jusqu'à fin septembre...

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