Depuis presqu'un an, « Eclipse »
tourne autour du soleil, calé sur son ber au port à sec de Port
Saint Louis du Rhône... C'est moi qui, telle une libellule,
virevolte du camion (pour gagner des sous) au bateau (pour les
dépenser) ! Par je ne sais quel masochisme abscons, je
multiplie les tentatives de bricolage avec mes deux mains gauches, en
profitant de mon passage au salon nautique de Paris en décembre pour
en rajouter quelques couches...
Et, dans la rubrique « j'aime
quand tout se passe comme c'était prévu », les économies
réalisées sur le salon s'évanouissent au contact de certains
artisans particulièrement antipathiques (on est loin de l'ambiance
de La Rochelle !)... Ainsi, l'achat d'une voile d'avant sur
bout-dehors et emmagasineur induit le démâtage d'Eclipse à l'aide
d'une grue... Bon, il faut positiver, j'en profite pour faire changer
le gréement courant (les câbles sont de 1975 !), réviser
l'enrouleur de génois et constater au passage la bonne qualité du
mât (il y a de la matière !)...
J'en profite pour installer un
anémomètre à la place de la girouette, ça me semble important de
savoir la force et la direction du vent sur un voilier, même et
surtout de nuit...
Je refixe l'antenne de la VHF et j'en
change le câble, lui aussi d'origine, ça m'étonnait aussi d'avoir
reçu des nouvelles d'Alain Colas et d'Eric Tabarly !
Même chose pour les fils électriques,
et je tiens à remercier mon beau-cousin Joseph et mon frangin Luc
pour leur passage éclair et surtout mon ami Christophe pour m'avoir
aidé lors d'aller-retours marathonnesques à passer tous ces câbles
à l'intérieur du mât, à changer le feu de hune/feu de travail, à
fixer des marches en haut du mât, après avoir cassé 2 pinces à
rivets chinoises, la qualité allemande vient à bout des rivets en
inox, rogntudjuu !
3 mois après le démâtage, Eclipse
retrouve son tirant d'air à l'occasion d'une rare journée sans vent
et, cinq jours après avoir encaissé son dernier chèque, le
chantier Métal Marine (pub absolument sans aucun intérêt !) vient
enfin achever le travail pour lequel je l'ai grassement payé, je
commençais sérieusement à voir rouge !
C'est encore Christophe que j'ai
réquisitionné pour m'aider à installer et brancher l'écran de
l'anémo, ainsi que les nouveaux câbles à la place des vieux et une
nouvelle lampe dans le carré, tout en réparant les fixations des
arceaux de la capote, encore merci ! Ça ne représente que
quelques lignes sur le papier mais dans la vraie vie, il nous aura
fallu 8 heures pour y arriver...
Je change la VHF pour un appareil ASN,
c'est à dire qu'une fois relié à un GPS, la VHF transmet
automatiquement la position et le nom du bateau en cas de détresse,
j'ai dû auparavant demander un numéro de licence radio MMSI à
l'Agence Nationale des Fréquences Radio.
Je termine l'installation de l'échelle
de bain sur la plateforme arrière (là encore, c'est plus facile à
écrire qu'à faire !).
Je fais changer le compresseur et
l'accumulateur du frigo, j'ai ainsi bon espoir de siroter quelques
bières fraîches en été, et pas seulement lors des hivers
bretons !
J'installe un matelas supplémentaire
dans la cabine Amiral (à l'avant) pour plus de confort, quand tout
sera rangé à l'issue de ces séances de bricolage tous azimuts...
Ce tour du soleil aura aussi vu passer
les noces de diamant (60 ans de mariage !) de mes parents,
malheureusement leur condition physique ne leur permettra pas de
faire la croisière sur le Rhône envisagée, dix ans après leur
voyage en Polynésie, ben oui, quand la vieillesse vous tombe
dessus...
Je ne me sens pas l'envie d'aller
baguenauder et batifoler alors que l'état de santé de mon papa se
dégrade en mettant ma maman sous pression...
Alors je garde quelques travaux sous le
coude, notamment en ce qui concerne la coque, refaire le safran et
investiguer les dégâts éventuels de la tempête Xynthia (j'espère
que ce ne sera que des éraflures du gel-coat et pas plus grave...),
il faudrait que j'arrive à faire tourner le moteur, j'ai purgé le
filtre à gasoil mais est-ce suffisant ? Et comment faire pour
déboucher le tuyau de sortie du deuxième réservoir d'eau sans le
démonter (si possible), un vrai casse-tête ! Il faut également
que je répare mon éolienne, un coup de vent hivernal a fait sortir
de sa gorge la queue qui est venue briser les pales, tout comme
l'aérien du régulateur d'allure a brisé la fine tige en polyester
qui commande son safran, je l'ai démonté en attendant, ça libère
l'accès arrière d'Eclipse...
Entre 2 perçages, vissages, grattages,
cogitages, je vais à la féria d'Arles qui s'étend tout le long du
week-end pascal, ça permet de se changer les idées et j'assiste à
ma première corrida... qui sera sans doute la dernière, parce que
ce n'est pas tant la mort du taureau qui me gène, moi à qui il
arrive de trimballer une cinquantaine de carcasses de bovins dans la
remorque du camion, que quand c'est mal fait, cela tourne tout de
suite au gâchis, au carnage... De mon point de vue de profane,
l'intervention des picadors à cheval, qui charcutent l'échine du
taureau avant l'entrée en lice du matador matamore, rend la lutte
par trop déloyale, mais, de toute façon, ce n'est certainement pas
moi qui oserait affronter une bête blessée de plus de 500 kgs qui
voit rouge (sang) !!!
J'ai plus de plaisir à voir les
razeteurs défier la vivacité des vachettes et jeunes taureaux,
ainsi que les apprentis toreros faire leurs premières passes dans
les arènes portatives, sans le côté « viandard », ça
ressemble plus à un jeu... ou à un café, olé (je vous laisse
réfléchir là-dessus !).
Bon, sinon, l'ambiance dans les rues
reste sympa, les fanfares ravissent les fanfarons, les bodegas d'un
soir me rappellent mon récent séjour en Andalousie, la foule reste
supportable pour mon agoraphobie rampante et le fait d'avoir à
reprendre la voiture pour rentrer au bateau limite grandement les
dérives du genre « je me bourre grave la gueule au PVC
(pastis-vin-cocktail) », fluctuat net mergitur, moussaillon !
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